«Pour vivre heureux, vivons cachés», dit le proverbe. Et pour vivre vieux, vivons au vert, répond la science. C’est en tout cas la conclusion d’une vaste étude américaine récemment publiée dans la revue «Science Advances». Douze chercheurs y ont participé et tentent de répondre à une question: la proximité d’espaces verts a-t-elle une influence sur le vieillissement?
De nombreux travaux ont déjà lié le fait d’être proche de la nature et celui d’être en meilleure santé. Mais, cette fois-ci, les scientifiques ont fait parler l’ADN des personnes étudiées afin de montrer que ses bénéfices sont mesurables biologiquement.
L’expression des gènes se modifie et les cellules apparaissent 2,5 ans plus jeunes que l’âge réel de leur propriétaire.
Ce n’est donc pas que dans la tête. Il y a bien «un lien entre la verdure et un vieillissement épigénétique plus lent», concluent les auteurs de l’étude.
À côté de la nature, les cellules se modifient
Pour en arriver là, les scientifiques ont sélectionné 924 Américains et Américaines dans quatre villes. Ils les ont ensuite suivi pendant vingt ans, analysant régulièrement leur ADN via des prélèvements sanguins. Cela leur a permis de mesurer leur âge biologique et de le comparer à leur âge réel. Les sujets vivant à moins de 5 km d’une zone de verdure avaient en moyenne un âge biologique 2,5 ans plus jeune que les autres.
«Être à côté d’espaces verts a engendré des changements biologiques ou moléculaires qui peuvent être détectés dans le sang», résume auprès du «Washington Post» Lifang Hou, professeure à l’école de médecine de l’université de Northwestern, qui a participé à l’étude.
Ces travaux montrent en outre que les bénéfices d’une exposition à la verdure sont plus forts lors de la vingtième année que lors des années précédentes. Autrement dit, non seulement la nature a des effets positifs sur le vieillissement cellulaire, mais celui-ci est plus important encore pour les plus âgés.
Encore plus vrai pour les femmes
Les effets de l’exposition à la verdure sont aussi plus bénéfiques pour les femmes, alors qu’ils sont moindres sur les personnes qui vivent dans les quartiers les plus défavorisés.
Cela pourrait s’expliquer par d’autres facteurs. Les femmes sont plus susceptibles de profiter des espaces verts avec leurs enfants, ce qui les amène donc non seulement à être à proximité de la nature, mais aussi à avoir des interactions sociales riches.
À l’inverse, dans les quartiers défavorisés, les espaces verts sont parfois des lieux mal fréquentés, et donc à éviter. Cela pourrait expliquer que dans ces cas-là, la proximité de la nature n’a quasiment aucun effet bénéfique sur les individus étudiés.
Des conclusions inquiétantes
L’étude manque encore de précisions sur certains aspects. La présence d’espaces verts a été déterminée par satellite, sans distinction. S’agit-il de golfs ou de forêts? De parcs ou simplement de jardins? La réponse pourrait intéresser nombre de villes désireuses de se «verdir» efficacement.
Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine, et que ce taux atteindra probablement les 68% en 2050, les conclusions des douze chercheurs ont de quoi interpeller.
Bien manger, arrêter de fumer ou de trop boire, dormir et faire du sport ne sont pas les seuls moyens de ralentir les effets du temps. Il faudrait aussi veiller à bien choisir l’endroit où l'on habite.