La décision du Conseil national s'est certes faite à peu de voix près, mais le mandat était clair: par 99 voix contre 90, la Grande Chambre a donné son feu vert il y a tout juste un an à l'abaissement de l'âge du droit de vote de 18 à 16 ans. Les parlementaires ont ainsi pris le pas sur la commission consultative qui voulait l'enterrer.
La Commission des institutions politiques devrait à présent mettre en place une modification de la Constitution. Mais elle s'y oppose à nouveau. Pour la deuxième fois, elle propose de ne pas poursuivre le projet.
La gauche et les Vert'libéraux en colère
Un «scandale», selon la conseillère nationale des Vert-e-s et membre de la commission Irène Kälin. «Si le Parlement ordonne un mandat, il faut le respecter. Sinon, c'est purement et simplement un refus de travailler», dit-elle.
La colère n'est pas seulement grande chez les Vert-e-s et le PS. La chef du groupe des Vert'libéraux Tiana Angelina Moser estime elle aussi que cette décision frise le refus de coopérer. «De mon point de vue, il manque des contre-arguments valables.» Selon elle, il s'agit plutôt de convictions conservatrices. «Il est pourtant crucial d'impliquer davantage les jeunes dans la construction de leur avenir!»
La plupart des cantons sont contre
La majorité de la commission a en revanche argumenté qu'il ne servait à rien de continuer à discuter du droit de vote à 16 ans. En effet, lors de la consultation, quinze cantons se sont prononcés contre le fait que les jeunes de 16 et 17 ans puissent à l'avenir voter et élire. De plus, les citoyens de plusieurs cantons ont rejeté des initiatives dans ce sens, comme l'année dernière à Zurich. La commission estime que si les partisans du droit de vote à 16 ans souhaitent le maintenir, ils doivent miser sur une initiative populaire.
«Nous avons fait notre travail en organisant la consultation», se défend le conseiller national PLR Andri Silberschmidt, qui fait partie des opposants au droit de vote à 16 ans. «Sur cette base, nous sommes obligés de constater que cette demande n'a aucune chance de passer. Il ne faut pas se faire d'illusions.»
«Il est important que la discussion soit menée»
Marc Rüdisüli, président des Jeunes du Centre, admet lui aussi que les chances d'abaisser réellement l'âge du droit de vote sont faibles. Le grand obstacle devrait être le Conseil des États, qui ne débattra de l'objet qu'après le Conseil national. Il est peu probable qu'il donne son accord.
Marc Rüdisüli estime toutefois qu'il serait précipité d'abandonner. La jeunesse du Centre se bat pour le droit de vote à 16 ans comme aucun autre parti. Il se heurte ainsi au parti mère, dont les membres ont voté pour la suppression au sein de la commission. Marc Rüdisüli en est convaincu: «Il est important que la discussion soit enfin menée. Ce serait déjà une victoire.»