Une majorité politique s'y oppose
Le droit de vote à 16 ans n'est pas près d'être introduit en Suisse

Le droit de vote à 16 ans n'est pas près d'être introduit en Suisse. Sur la base des résultats de la consultation, une commission parlementaire du Conseil national considère qu’il faut pour le moment abandonner cette idée.
Publié: 21.04.2023 à 18:11 heures
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Dernière mise à jour: 21.04.2023 à 18:50 heures
La majorité des cantons consultés s'opposent au projet de loi qui veut abaisser à 16 ans l'âge du droit de vote (image d'illustration).
Photo: PETER SCHNEIDER

Voter dès 16 ans en Suisse, ce n'est pas pour tout de suite. Une commission du Conseil national s'est prononcée contre l'abaissement de l'âge du droit de vote à 16 ans, après une large consultation.

Par 14 voix contre 11, la commission des institutions politiques du Conseil national recommande de classer l’initiative parlementaire à l’origine du projet, ce qui signifierait l'abandon du projet, ont indiqué vendredi les services du Parlement. Les résultats "dans l'ensemble négatifs" de la consultation confortent la commission dans sa décision initiale de s’opposer au droit de vote à 16 ans.

La consultation sur ce projet est en effet sans appel: quinze cantons sont contre l’abaissement du droit de vote de 18 à 16 ans au niveau fédéral, sept sont pour. Du côté des partis politiques, l'UDC, le PLR et le Centre ont pris position contre le projet.

Vert-e-s et Parti socialiste irrités

Une minorité estime toutefois que ces résultats doivent être nuancés. Ils ne sauraient être utilisés comme argument pour ne pas soumettre au vote du peuple et des cantons la question essentielle de la participation démocratique des jeunes citoyens.

Sur Twitter, les Vert-e-s se sont irrités vendredi de la décision de la commission. C'est un "affront à la volonté de la jeune génération d'avoir voix au chapitre", écrivent-ils. Pour eux, le droit de vote à 16 ans n'a que trop attendu. Le parti a lancé une pétition pour que cela devienne bientôt une réalité.

Le PS juge aussi incompréhensible cette politique de blocage; les jeunes portent beaucoup de responsabilité dans notre société et devraient avoir un droit à la vie politique. Les Vert'libéraux regrettent également la décision.

Résistance des milieux patronaux

Mais la commission ne veut pas de deux catégories de citoyens, les uns avec le droit de voter et d’être élus, les autres avec uniquement le droit de voter. Elle ne veut pas non plus séparer l’âge de la majorité civique de l’âge de la majorité civile.

Inutile donc de soutenir, à ses yeux, un projet qui n’est porté par aucune majorité. Les milieux patronaux consultés résistent aussi à cette proposition. Le Centre, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) et le Centre patronal (CP) notamment s’y sont opposés.

Pour une majorité des opposants consultés sur l’avant-projet, octroyer le droit de vote à 16 ans, avant l’atteinte de la majorité civile, est problématique et peu cohérent. Ils jugent une séparation entre droit de vote et d’éligibilité ni judicieuse, ni logique.

Mais c'est aussi l’application pratique de l’initiative, et les coûts liés à la dissociation des conditions du droit de vote communal, cantonal et fédéral, qui a suscité la critique.

130'000 jeunes concernés en Suisse

Les sept cantons à soutenir le projet sont le Jura, Appenzell-Rhodes Extérieures, Berne, Bâle-Ville, Soleure et les Grisons ainsi que Glaris, seul canton à accorder le droit de vote à 16 ans. Dix-sept associations et organisations, dont l'Union syndicale suisse et des mouvements politiques de jeunesse, sont pour.

Les cantons de Genève, Fribourg et Uri n'ont pas pris position, rappelant qu’une ou plusieurs initiatives visant à abaisser le droit de vote ont échoué dans leur canton. Zurich n’a pas pris part à la consultation.

Pour les partisans de l’initiative, le droit de participer plus tôt aux votations favorise l’engagement politique. Près de 130'000 jeunes Suisses et Suissesses seraient concernés. La part de citoyennes et citoyens ayant le droit de vote domiciliés en Suisse augmenterait de quelque 2,4%.

Le projet de loi fait suite à une initiative parlementaire de Sibel Arslan (Vert-e-s/BS). Il prévoit toutefois que l'âge minimal pour se faire élire à une fonction politique reste fixé à 18 ans.

(ATS)

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