Lorsqu’Elisabeth Dähler de Belp, à Berne, apprend que sa sœur Katharina Lüthi a reçu une facture astronomique, elle tombe des nues. Au lieu d'un montant de 300 francs, l’autorité de conciliation d’Emmental-Oberaargau lui a envoyé un bulletin de versement pour 30’000 francs. Elisabeth Dähler est tellement choquée qu’elle fait une chute de tension, tombe, s’entaille la jambe sur le bord d’un escalier et finit aux urgences.
Les autorités réagissent rapidement et annulent le montant, mais Elisabeth Dähler est tout de même hors d’elle et refuse de payer la facture corrigée de 300 francs. Elle argumente qu'elle ne s’est retrouvée à l’hôpital qu’à cause du choc causé par le faux bulletin. Elle adresse à son tour une facture presque aussi élevée aux autorités: 299,75 francs, pour son traitement aux urgences.
Mais pour comprendre comment cette histoire rocambolesque a pu se produire, il faut revenir un an en arrière.
De nouveaux locataires semaient la zizanie
Katharina Lüthi loue deux appartements de son immeuble. En 2023, un nouveau couple, sympathique en apparence, emménage. La bonne entente est toutefois de courte durée: «Ils ont tout saccagé», raconte-t-elle. Lorsque la propriétaire aborde la question avec le couple, il ne reste plus rien de la gentillesse initiale qu'ils lui manifestaient: «Ils ont menacé de me frapper.» Katarina Lüthi veut donc qu’ils quittent son appartement le plus vite possible.
Lorsque sa sœur, Elisabeth Dähler, l’apprend, elle se précipite à la rescousse de Katharina Lüthi. Ensemble, elles donnent leur résiliation de bail au couple, qui la conteste. Ce n’est que lorsque les sœurs menacent de les expulser que le couple disparaît soudainement du jour au lendemain. Leur soulagement est immense.
Une seule question continue de tarauder les sœurs: «Pourquoi n’avions-nous pas le droit de leur dire de partir?» Elles se renseignent auprès de l’avocate du couple qui est désormais à la retraite. Elle répond que tout cela ne la concerne plus.
Une facture pour un rendez-vous qui n'a pas eu lieu
Les sœurs ont fait appel à l’autorité de conciliation de l’Emmental et de la Haute-Argovie et avaient précédemment demandé un rendez-vous avec l’avocate du couple. Celle-ci ne s'est pas présentée: «Sur place, l’autorité nous a rembarrés, dit Elisabeth Dähler. De plus, nous aurions dû payer 500 francs d’avance, alors que de telles procédures de conciliation sont gratuites.»
C’est également ce que confirme l’autorité de conciliation d’Emmental-Oberaargau, interrogée par Blick. De telles procédures sont certes gratuites dans les litiges relatifs aux loyers, mais: «S’il ne s’agit qu'indirectement de loyer, la procédure est en principe payante.»
A peine les sœurs en ont-elles fini avec cette histoire qu’elles reçoivent un bulletin de versement: «Je n’en croyais pas mes yeux», raconte Katarina Lüthi. On lui demandait 30’000 francs pour un rendez-vous qui n’a jamais eu lieu: «J’ai immédiatement appelé ma sœur pour l’en informer.»
Elisabeth Dähler atterrit aux urgences
A l’autre bout du fil, Elisabeth Dähler tombe des nues: «J’ai eu un malaise. Des taches noires ont obstrué ma vision et je suis tombée dans les escaliers.» Elle s’est ouvert le bas de la jambe sur le bord d'une marche: «Une veine a été touchée. J’ai dû aller immédiatement aux urgences.»
A peine rentrée chez elle, elle contacte l’office de conciliation. Celui-ci réagit immédiatement: «L’erreur a été corrigée le plus rapidement possible», indique-t-on à Blick. Au lieu de 30’000 francs, la facture ne s’élève qu’à 300 francs.
Aucune consolation pour Elisabeth Dähler, qui refuse de payer la facture: «Je leur ai envoyé ma facture médicale de 299,75 francs en retour. Sans leur erreur, je ne me serais jamais retrouvée aux urgences.» Elle fait alors une proposition à l’administration: «Personne ne paie rien, on sera quittes.»
Les soeurs doivent payer
Sans surprise, l’autorité de conciliation ne répond pas à la demande de Blick. Les sœurs ont jusqu’à fin janvier pour régler les 300 francs. Comme les procédures de conciliation sont en principe confidentielles, il n’est pas possible de donner d’autres informations, répond l’autorité à la question.
Elisabeth Dähler n’envisage pas de régler la facture et ajoute avec un clin d’œil: «Je paierais certainement les 25 centimes de différence.»