Chavannes-près-Renens ne veut pas de la nouvelle jonction autoroutière. Les autorités de la commune vaudoise «considèrent que le projet va à l'encontre des actions présentes et futures de la commune en faveur d'une mobilité responsable favorisant la marche, le vélo et les transports publics», annonce-t-elle jeudi dans un communiqué.
«La construction d'une nouvelle jonction autoroutière au cœur de la commune, qui constitue l'un des éléments du dispositif de l'Office fédéral des routes (OFROU) destiné à supprimer le goulet d'étranglement autoroutier de Crissier, n'est pas compatible avec la stratégie et les mesures de mobilité mises en place par la commune», explique la Municipalité.
Mise à l'enquête compliquée
La Confédération, le Canton de Vaud et la commune de Chavannes-près-Renens avaient signé en juin 2021 une convention afin de réaliser cette jonction à l'ouest de Lausanne. Le paquet de mesures visant à la suppression du goulet d’étranglement de Crissier avait été mis à l'enquête par l'OFROU en novembre 2018. Il avait donné lieu à 236 oppositions d'habitants, de groupes d'intérêt ainsi que de certaines communes.
Parmi elles, beaucoup concernaient justement la future bretelle de Chavannes, qui est l'un des éléments de la suppression du goulet d'étranglement. L'OFROU, le canton, la commune de Chavannes-près-Renens et SDOL (qui représente les communes de l’Ouest lausannois) avaient décidé fin 2019 de coopérer afin de trouver une solution acceptable par tous les partenaires.
Environ 100 mio de francs
Soutenue par toutes les parties, la «variante colline» finalement adoptée à l'époque prévoit que la jonction soit couverte, végétalisée et intégrée dans le paysage. Il est prévu de réaliser au-dessus une piste cyclable à double sens et un cheminement pour les piétons. D'un maximum de 150 mètres, la jonction conserve les quatre bretelles qui permettront de rentrer et sortir de Chavannes-près-Renens dans les deux sens de circulation.
Les coûts de la jonction sont devisés à environ 100 millions. La Confédération est censée prendre à sa charge le 65%, le canton et la commune de Chavannes-près-Renens la part de 35% à hauteur de 35 millions pour le premier et un million pour la seconde. De plus, la commune aurait dû assumer entièrement les mesures d'accompagnement telles que les requalifications des rues et avenues communales, estimées à 12 millions environ (montant non compris dans la jonction). Elles font partie de son plan d'investissements.
«Atteinte intolérable»
«Depuis plusieurs années, Chavannes-près-Renens privilégie un développement urbain axé sur une densification mesurée et sur l'encouragement de la mobilité douce. Une forte volonté politique et citoyenne a abouti aux projets de mise en place de zones 30km/h, de renforcement de l'offre de transports publics, ainsi qu’à la création de voies cyclables de chemins piétonniers et d’aires végétalisées», écrit encore la Municipalité de Chavannes.
Celle-ci considère que «cet aménagement constitue une atteinte intolérable à l'intégrité de Chavannes, déjà coupée en deux par l'axe autoroutier existant et largement enclavée par le métro m1». Par sa localisation, la jonction viendra perturber et déséquilibrer un site promis à une urbanisation qualitative avec école, logements et un campus dédié à la formation», ajoute-t-elle. «Cette jonction supplémentaire aggravera les nuisances sonores et la pollution dont est victime la population au sein d'un milieu urbain très dense», est-il souligné. Les autorités municipales, au lieu de poursuivre dans une voie qu'elles estiment «sans issue», entendent continuer «à concentrer tous leurs efforts dans le développement d’une mobilité multimodale».
Le projet de suppression du goulet d'étranglement de Crissier s'inscrit dans la stratégie mobilité du projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM). Sont prévus l'élargissement de l'autoroute entre les échangeurs de Villars-Ste-Croix et d'Ecublens, l'aménagement de nouvelles bretelles, la création des nouvelles jonctions de Chavannes et d'Ecublens, un complément à la jonction de Malley.
L'Etat de Vaud «prend acte»
L'Etat de Vaud va organiser «à brève échéance» des Assises de la mobilité dans l'Ouest lausannois. Celles-ci sont devenues nécessaires après la décision de la Municipalité de Chavannes-près-Renens de se retirer du projet de nouvelle jonction autoroutière sur l'A1 prévue sur sa commune. Ces Assises seront l'occasion «de rétablir le dialogue et de poser de nouvelles bases communes sur l'avenir de la mobilité dans cette région en forte croissance», écrit jeudi le Canton de Vaud dans un communiqué. Il dit avoir «pris acte» de «la décision unilatérale» de Chavannes-près-Renens de dénoncer la convention signée en 2021 entre l'Etat de Vaud et l'Office fédéral des routes (OFROU).
«Bien que conçu avec une couverture végétalisée et des aménagements en faveur des mobilités actives et conforme au concept d'accessibilité du Projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM)», le Canton dit «constater» que le projet ne correspond plus aujourd'hui aux attentes de la commune de Chavannes-près-Renens.
Le Canton va désormais examiner avec l'OFROU les conséquences du retrait de la commune sur le projet de suppression du goulet d'étranglement de Crissier, sur l’accessibilité de l’Ouest lausannois, sur les communes voisines et sur le PALM.