Le Grand Conseil vaudois s'est montré ouvert mercredi de justesse à une requalification du tronçon de 4,5 km d'autoroute A1a entre Ecublens et la Maladière (Lausanne) en boulevard urbain. Il a pris en considération une pétition déposée en 2022 et munie de 2325 signatures afin de la renvoyer au Conseil d'Etat, qui devra y répondre, mais sans contrainte. Cette pétition aura eu le mérite de lancer le débat sur ce secteur autoroutier surchargé. Les discussions ont duré au moins 1h30 dans l'hémicycle. Le vote final s'est joué à une voix près, soit 65 oui, 64 non et aucune abstention. La conseillère d'Etat en charge de la mobilité, Nuria Gorrite, s'est, elle, montrée défavorable.
Initiative de deux organisations «Sauvons Chavannes» et «Action Climat Ecublens», le texte demande que l'axe autoroutier entre Ecublens et le giratoire de la Maladière, au sud-ouest de Lausanne, devienne un «boulevard urbain apaisé», soit une avenue structurante intégrée au tissu urbain. La démarche était menée en collaboration avec actif-trafiC et avec le soutien de l'ATE Vaud. Ce nouveau boulevard intégrerait des entrées et des sorties vers les communes de l'Ouest lausannois, ce qui permettrait de relier les quartiers entre eux. La vitesse y serait limitée à 60 ou 50 km/h et l'infrastructure resterait une route nationale de classe 3.
Les auteurs de la pétition n'ont cessé de critiquer «la vision passéiste» de l'Office fédéral des routes (OFROU) qui multiplie les projets autoroutiers et défend la création de deux jonctions autoroutières à Chavannes-près-Renens et à Ecublens, dans le cadre du projet «Suppression du goulet d'étranglement de Crissier». Ce projet s'inscrit dans la stratégie mobilité du projet d'agglomération Lausanne-Morges (PALM).
«Une cicatrice»
Le député écologiste David Raedler a longuement défendu l'objet de la pétition, dénonçant «une cicatrice et une coupure réelle» de toute une partie de l'Ouest lausannois. «Il s'agirait aussi de redonner ses galons de beauté au siège du CIO et des ruines romaines dans ce secteur», a-t-il argumenté. «Il n'y a aucun commerce le long de ce tronçon de l'A1a qui porte atteinte aux quartiers avoisinants et péjore leurs valeurs immobilières», a-t-il ajouté.
Ce boulevard «apaisé» permettrait de résoudre des problèmes de santé (pollution et nuisance sonore), de créer des voies de communication pour relier les différents quartiers entre eux de chaque côté, d'apaiser l'environnement à Chavannes près-Renens coupée en deux, ont avancé d'autres parlementaires de gauche.
A droite, on s'est montré plutôt réticent à une requalification de ce bout d'autoroute. Ce n'est pas une priorité en termes de mobilité et d'infrastructures, ont affirmé certains. Inimaginable d'entraver le trafic déjà très dense sur ce tronçon, ont dit d'autres. Des élus PLR ont estimé que le projet de l'OFROU était la bonne solution.
Etude d'intégration urbaine
La conseillère d'Etat Nuria Gorrite a d'abord tenu à rappeler qu'une telle requalification était du domaine de compétence de la Confédération. «La pétition peut avoir une portée pour avoir un dialogue avec l'OFROU», a-t-elle relevé. Mais elle s'est montrée défavorable sur le fond, invoquant une charge de trafic trop importante sur ce segment (80'000 véhicules par jour).
Mme Gorrite n'est en revanche pas contre l'idée «de mieux organiser les flux de voitures», tout en évitant «une injection massive de voitures dans les différents quartiers urbains». «Le rôle de ceinture d'une autoroute est de capter les voitures le plus longtemps possible avant de se rapprocher des centres urbains».
Elle a indiqué que le Conseil d'Etat présenterait l'an prochain le projet d'aménagement des jonctions d'Ecublens et de Chavannes. La ministre a aussi annoncé que l'OFROU était entré en matière pour financer pour moitié une «étude d'intégration urbaine» de ce bout d'autoroute direction sud de Lausanne (diminution de la vitesse, couverture d'une partie de l'autoroute, etc, mais pas pour envisager un boulevard urbain en tant que tel).