Élections au Conseil fédéral
Daniel Jositsch compare la formule magique à un «cartel de pouvoir»

Le conseiller aux États Daniel Jositsch remet en cause le processus d'élection au Conseil fédéral, le jugeant antidémocratique. Il critique la formule magique et plaide pour une plus grande liberté de choix des parlementaires lors des élections.
Publié: 13:10 heures
Le conseiller aux Etats socialiste Daniel Jositsch critique la formule magique et le système d'élection du Conseil fédéral.
Photo: Keystone
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Daniel Kestenholz

Le conseiller aux Etats socialiste Daniel Jositsch n'est pas satisfait du ticket du Centre pour l'élection au Conseil fédéral. Bien qu'il ait examiné de près les candidatures de Markus Ritter et Martin Pfister, il estime finalement ne pas retenir l’un d’entre eux, a-t-il déclaré dans un entretien accordé aux journaux de CH Media.

En ce qui concerne l'élection du successeur de Viola Amherd, il recommande le conseiller aux Etats bernois UDC Werner Salzmann. Daniel Jositsch voit en lui le candidat idéal. Lorsqu'on lui demande s'il envisage réellement de choisir quelqu'un de l'UDC, il répond: «Pourquoi pas? Ce qui m'intéresse, c'est de choisir les personnes les plus aptes à siéger au Conseil fédéral».

Daniel Jositsch reconnaît que l’attribution du siège, à un membre de l’UDC pourrait menacer la concordance de la formule magique. Cependant, il estime qu’un changement de parti pourrait être compensé ultérieurement et que la concordance ne serait pas profondément remise en cause. 

Un système «antidémocratique»

C'est dans ce contexte que Daniel Jositsch a vivement critiqué les élections du Conseil fédéral: «Je considère ce système comme antidémocratique», a déclaré Jositsch. «Il est contraire à la Constitution, que les 246 membres du corps électoral ne puissent pas librement élire, en leur âme et conscience, les personnes les plus compétentes», ajoute-t-il.

Selon Daniel Jositsch le système électoral du Conseil fédéral pourrait être comparé, dans son mécanisme, «à certaines dictatures, comme la Douma en Russie. Même si, bien sûr, c'est exacerbé», explique le conseiller aux Etats depuis 2015. «A la Douma, grâce à la Constitution, un parlementaire est libre de ses choix, mais dans la pratique, il ne peut évidemment pas mettre en œuvre cette liberté. C'est comparable à l'élection du Conseil fédéral au parlement suisse», affirme le conseiller socialiste. Selon Jositsch, le système d'élection du Conseil fédéral est «discutable», car il «rend obligatoire l'obtention d'un ticket».

Un manque de liberté dans les élections

«Avec la formule magique, on a instauré au Parlement, un cartel de pouvoir», explique le conseiller aux Etats. «Mais ce n'est prévu nulle part dans la Constitution», souligne-t-il. Autrefois, le ticket était «une proposition», aujourd'hui c'est «une contrainte et une pression massive sur les candidats et le Parlement. Cela a pour conséquence que les membres du Parlement ne peuvent plus voter et se présenter librement».

En 2022, Daniel Jositsch s'était porté candidat contre la volonté de son parti à la succession de la conseillère fédérale PS sortante, Simonetta Sommaruga. En 2023, il a annoncé sa candidature à la succession de son collègue du Conseil fédéral sortant Alain Berset, cette fois avec l'autorisation de son parti. Daniel Jositsch a échoué les deux fois.

Christoph Blocher dans la même lignée

Le débat sur la procédure électorale est alimenté par les récentes déclarations de Christoph Blocher, doyen de l'UDC, qui reconnaît désormais que le Parlement pourrait élire des candidats en dehors des tickets et issus d'autres partis. Cette position marque un changement depuis l'exclusion d'Eveline Widmer-Schlumpf du parti UDC.

En effet, Daniel Jositsch estime que cette évolution, qui a restreint la liberté des parlementaires de se présenter librement, a commencé en 2007. C'est à cette époque que la conseillère d'État UDC, Eveline Widmer-Schlumpf, avait été élue pour remplacer Christoph Blocher, juste avant son exclusion du parti.

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