Duel Macron-Mélenchon
La Suisse pro-Macron défiée par l'Union de la gauche

Arrivé en tête avec plus de 12'000 voix au premier tour des législatives françaises pour la circonscription Suisse, le candidat pro-Macron Marc Ferracci affrontera le 19 juin la mélenchoniste Magali Mangin. Belle performance pour celle-ci, en guerre avec son suppléant.
Publié: 06.06.2022 à 09:46 heures
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Dernière mise à jour: 06.06.2022 à 09:52 heures
Le président multiplie ces jours-ci les attaques contre le leader de la gauche radicale.
Photo: KEYSTONE
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Richard WerlyJournaliste Blick

Un vainqueur incontestable. Arrivé dimanche nettement en tête du premier tour pour la sixième circonscription des Français de l’étranger Suisse-Liechtenstein, Marc Ferracci a l’Assemblée nationale dans le viseur. Le candidat du parti «Renaissance» – le nouveau nom du mouvement pro-Macron «La République en marche» – totalise 12'233 voix sur les 33'903 suffrages exprimés soit dans les urnes le 5 juin, soit de façon anticipée par internet ou par correspondance.

La revanche de la gauche

Une surprise toutefois: c’est face à la candidate de l’Union populaire de la gauche Magali Mangin, handicapée par la guerre ouverte menée contre elle par son suppléant, que ce proche du président français et ex-conseiller ministériel mènera bataille le 19 juin, pour le second tour. Les Français de l’étranger étaient appelés aux urnes pour le premier tour une semaine avant les électeurs de France qui voteront, eux, dimanche 12 juin.

Le duel Macron-Mélenchon aura donc lieu en Suisse aussi. Et la faible participation électorale tant redoutée en France pour les législatives était aussi, ce dimanche, au rendez-vous de ce côté-ci de la frontière. Sur les 149'821 électeurs français inscrits, 33'903 seulement ont voté, soit 22,38%. Et ce, malgré le recours au vote par correspondance et au vote électronique.

Démobilisation électorale

Le spectre tant redouté de la démobilisation électorale après la présidentielle est confirmé. Il s’est avéré, en Suisse, fatal aux autres candidats qui espéraient jouer les troubles fêtes: la candidate des «Républicains» (droite) Régine Mazloum Martin (2866 voix), le candidat du parti Zemmourien Reconquête Philippe Tissot (2210 voix) et le député sortant Joachim Son-Forget (1503). Ce dernier, qui avait choisi de se représenter comme indépendant après avoir rompu avec «La République en marche» dont il portait les couleurs en 2017, subit une défaite cinglante, preuve que les Français de Suisse ont été déboussolés par son parcours politique erratique depuis cinq ans, passant de la proximité avec Emmanuel Macron au soutien à Eric Zemmour, puis à une candidature solitaire.

Confrontation massive à la mode Mélenchon

La prouesse de ce dimanche est toutefois celle de Magali Mangin, française installée en Suisse alémanique, accusée par son suppléant d’être une «lobbyiste au service de l’industrie pharmaceutique» pour laquelle elle travaille depuis des années. Parvenir à mobiliser la moitié des votants, dans une circonscription considérée comme acquise à la droite, est un très beau résultat qu’il convient bien sûr d’attribuer à la stratégie de confrontation massive de Jean-Luc Mélenchon.

C’est avec la photo de ce dernier sur ses affiches, avec la mention «Mélenchon premier ministre» puisque tel est le projet de l’ancien député de Marseille arrivée troisième au premier tour de la présidentielle le 10 avril, que Magali Mangin s’est imposée. La désunion des droites a fait le reste, comme l’a regretté Philippe Tissot dans un communiqué. Marc Ferracci sort des urnes en position confortable avant le 19 juin, mais le camp Macron ne peut plus considérer la Suisse comme un bastion inexpugnable, acquis au Chef de l’État français et à son agenda de réformes. Emmanuel Macron avait, au second tour de la présidentielle Française contre Marine Le Pen, raflé en Suisse 89% des suffrages.

Les leçons de ce premier tour

Qu’en déduire? Deux éléments conformes aux leçons tirées des derniers sondages.

Leçon 1: les législatives françaises des 12 et 19 juin seront sans doute, plus que jamais, très polarisées entre le camp Macron et le camp Mélenchon. Ce que le Président français a d’ailleurs anticipé puisqu’il multiplie ces jours-ci les attaques contre le leader de la gauche radicale. Il vient, dans un entretien à la presse régionale, de le qualifier – tout comme Marine Le Pen – de «candidat de la soumission» en référence à ses positions sur la Russie de Poutine.

Leçon 2: l’abstention sera le grand défi de ce scrutin, que beaucoup d’électeurs boudent aussi en raison de ses modalités. Il s’agit de voter pour un candidat – et non pour un parti ou une liste – qui permettrait une meilleure représentativité proportionnelle de la diversité politique du pays.

Dans une France où la légitimité du pouvoir exécutif et du président réélu est sans cesse mise en cause, ces deux leçons venues d’Helvétie sont tout, sauf une bonne nouvelle pour l’obtention d’un consensus démocratique susceptible d’apaiser les colères nationales.

Téléchargez ici les résultats complets du premier tour des législatives pour la circonscription Suisse Liechtenstein.

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