Samedi, les délégués du Parti libéral-radical (PLR) à Dübendorf (ZH) ont adopté un papier de position sur la politique économique. Le paragraphe sur la question cruciale de la nation, la relation avec l'Union européenne (UE), est révélateur. On veut continuer à «développer les relations bilatérales», d'autant plus qu'un accès non discriminatoire au marché intérieur et une «coopération réglementée» avec Bruxelles sont «essentiels» pour le pays, peut-on y lire.
En lien avec l'échec de l'Accord-cadre
Cela fait écho au 26 mai 2021, date à laquelle le Conseil fédéral a coulé l'accord-cadre. Le document a pour but une immobilisation tactique de la situation; les stratèges libéraux-radicaux préféreraient sans doute que le dossier européen ne devienne pas sensible avant les élections nationales de l'automne.
Le président du parti Thierry Burkart devrait lui aussi se souvenir que 40% des électeurs du PLR ont dit oui à l'initiative contre l'immigration de masse en 2014. L'intégration européenne n'est donc appréciée que par une maigre phrase: «Les questions institutionnelles doivent être abordées dans une optique thématique et sectorielle.»
Mais l'intervention d'Ignazio Cassis (PLR) lors du congrès du parti contrastait de manière frappante avec la prise de position de ce dernier: avec un optimisme défiant, le ministre des Affaires étrangères a fait état de «progrès» dans les discussions avec Bruxelles; celles-ci en sont au sprint final. Le Tessinois fait pression sur le rythme.
En effet, l'entourage du chef du DFAE affirme que les discussions techniques ont lieu toutes les semaines et que la secrétaire d'État Livia Leu a des informations positives à rapporter sur les entretiens exploratoires.
Le Conseil fédéral va-t-il bientôt donner un mandat de négociation à l'UE?
Ignazio Cassis a le vent en poupe du côté des cantons. Ils sont un acteur central dans tout le processus. Les principaux points de litige - aides d'État, protection des salaires et directive sur les citoyens européens - les concernent tout particulièrement.
En réaction au 26 mai 2021, la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC) a spécialement créé un organe chargé de trouver des solutions dans ces domaines. La Commission Europe est composée d'une douzaine de membres du Conseil d'État et est présidée par le directeur de l'économie jurassienne Jacques Gerber (PLR). Le groupe élabore actuellement des fiches de base sur les points litigieux en suspens, qui seront présentées en mars à l'assemblée plénière de la CdC.
Accès non discriminatoire demandé
Le cap est clair: de nombreux cantons sont frontaliers avec l'étranger et veulent un accès non discriminatoire à l'espace européen. En parallèle, la CdC mène une consultation auprès des gouvernements, avec comme objectif de se mettre d'accord sur une déclaration commune le 24 mars.
Comme Blick l'a appris, Ignazio Cassis a également déjà fait part à la CdC de son espoir de voir le Conseil fédéral bientôt donner un mandat de négociation à l'UE.
Bruxelles veut aller de l'avant
D'autres mettent en garde contre un optimisme de circonstance. «Ce ne sont que des résultats exploratoires», commente un parlementaire du PLR. «Le point décisif est la faisabilité en matière de politique étrangère. Il manque jusqu'à présent toute indication à ce sujet».
La seule chose sur laquelle tout le monde s'accorde est que Bruxelles veut aller de l'avant. La date butoir est le début de l'été 2024, lorsque le personnel changera avec les élections européennes.
Une fenêtre d'opportunité pourrait s'ouvrir le 15 mars. Le commissaire européen responsable de la Suisse, Maros Sefcovic, visitera alors la Confédération. Cette visite fait suite à une invitation de l'Université de Fribourg. Comme l'a appris Blick, une offre de discussion est également en suspens à Berne.