Disney, grappin et panthère rose
S'échapper d'une prison suisse, pas si difficile? Top 3 des évasions spectaculaires

Chaque année, plus d'une centaine d'évasions de prison sont recensées en Suisse. Ces chiffres interpellent et laissent place à beaucoup de créativité. Blick ressasse les trois histoires les plus rocambolesques qui ont chamboulé nos contrées.
Publié: 08.02.2024 à 16:05 heures
Chaque année, plus d'une centaine d'évasions ou de fuites de prison sont recensées en Suisse. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock/Keystone
Blick_Tiffany_Terreaux.png
Tiffany TerreauxJournaliste Blick

Imaginez-vous... prendre la poudre d'escampette alors que vous êtes incarcéré. On pense tout de suite à un scénario hollywoodien. Pourtant, pas besoin d'aller au-delà de nos frontières pour entendre des histoires rocambolesques.

Pas plus tard que la semaine dernière, dix jeunes se sont évadés du centre d'éducation fermé de Pramont, en Valais. Blick s'est rendu sur place pour comprendre l'impact sur la population avoisinante.

En effet, les évasions de prison sont monnaie courante en Suisse. L'Office fédéral de la statistique (OFS) recense 123 cas de fuites ou d'évasions en 2022, 118 l'année précédente, 151 en 2020. Mais sur ces dix dernières années, c'est l'année 2012 qui bat tous les records, atteignant les 274 cas.

Des nœuds de draps, à la corruption, en passant par l'exfiltration, Blick vous a concocté un petit classement de trois histoires les plus atypiques qui se sont déroulées en Suisse romande. Elles vous inspireront peut-être si vous basculez du côté obscur de la force, sait-on jamais...

1

Le marionnettiste fou

C'est certainement l'un des prisonniers les plus célèbres de Genève. Licio Gelli s’est évadé de la prison de Champ-Dollon dans la nuit du 9 au 10 août 1983, comme nous le rappellent nos confrères de la «Tribune de Genève». Poursuivi pour une quarantaine de chefs d’accusation dans son pays, celui qu’on surnommait «le marionnettiste» était l’ancien chef de la sulfureuse loge maçonnique italienne P2.

Il est 3h45 du matin. Les gendarmes genevois découvrent alors un trou dans le grillage extérieur de la prison. Les gardiens du centre pénitencier sont immédiatement avertis, mais aucune fouille systématique des cellules n'est organisée. Ce n’est qu’au petit matin que les responsables constatent que le fameux Italien a disparu. Lui qui avait été arrêté onze mois plus tôt.

Dans un premier temps, la piste de l’enlèvement est envisagée. C’est que l’homme avait des ennemis en nombre et plus d’un devait craindre qu'il témoigne devant les juges italiens. Plusieurs éléments viennent corroborer cette hypothèse. Une seringue hypodermique et un coton imbibé d’éther sont retrouvés dans la cellule. Au pied du mur d’enceinte, les enquêteurs découvrent un grappin muni de deux mousquetons.

Cette photo d'archive, du 11 avril 1988, montre le financier italien Licio Gelli, fondateur de la loge maçonnique P2 d'Italie, aujourd'hui dissoute.
Photo: Keystone

Mais rapidement, l’idée d’une mise en scène est privilégiée. L’enquête le prouvera d’ailleurs quelques jours plus tard. Il s'agit à ce jour de l’évasion la plus abracadabrante que la prison genevoise ait connue. Le stratagème? Le fugitif a quitté le centre par la porte de sa cellule, à 3 heures du matin, grâce à la complicité d’un gardien qu’il a soudoyé à hauteur de 22’000 francs. Il s’est ensuite simplement caché dans le coffre de la fourgonnette du fonctionnaire jusqu’à sept heures.

Comble de l’histoire, la fourgonnette n'a pas démarré au moment du départ. Des gardiens sont alors venus donner un coup de main à leur collègue, ignorant complètement qu’ils étaient en train d’aider un meurtrier à passer le portail de la prison, en toute sérénité.

Quelques heures plus tard, les deux escrocs se trouvaient à l’aéroport d’Annecy où un hélicoptère, loué par le fils de Licio Gelli, était prêt à les embarquer. S’ensuivit une cavale de quatre ans, au terme de laquelle l’Italien a fini par revenir de son propre gré sur les terres helvétiques. Il est passé devant la justice genevoise, défendu par Me Marc Bonnant.

2

Sur des airs de Disney

Partons du côté de Fribourg. En 2017, dans la nuit du vendredi 1 au samedi 2 septembre, un homme s’évade de la prison centrale en usant d’une méthode pour le moins… originale. Il noue ses draps de lit pour descendre le dernier mur d’enceinte, nous relate le quotidien «La Liberté». On croirait presque à un conte de fée. Dans «La Belle et la Bête», la jeune princesse tente de s’échapper par la fenêtre de la tour à l’aide d’une corde fabriquée à partir de draperies et de tissus.

Dans «La Belle et la Bête», la jeune princesse se fabrique une corde à partir de draperies et de tissus pour tenter de s'échapper par la fenêtre de la tour.
Photo: Capture d'écran YouTube - Disney

Bon ça, c'était la phase finale de son évasion. Auparavant, il a dû venir à bout d’une vitre blindée et de barreaux pour sortir de sa cellule. Même si sur les images de vidéosurveillance de l’extérieur de la prison, l’individu en fuite apparaît seul, il a probablement eu recours à une aide extérieure. En effet, il a dû employer des outils suffisamment efficaces pour rompre un tel dispositif de sécurité. Un genre d’outils qu'on ne trouve pas à l’intérieur de la prison.

Cet homme, jugé dangereux, est impliqué dans l’assassinat d’un Italien d’origine kosovare à Frasses, en 2013. Sa cavale aura duré au total près de deux ans. Il est arrêté en juillet 2019 à l'aéroport de Bâle-Mulhouse.

3

Opération commando

Dans cette dernière histoire, on monte encore d’un cran niveau organisation. Cette fois-ci, il s’agit d’une véritable opération commando lancée de l’extérieur par des complices. Les journalistes de «20 minutes» sont revenus sur cette histoire datant de mai 2013.

Trois hommes encagoulés escaladent depuis l’extérieur le mur de la prison lausannoise du Bois-Mermet et lancent un sac dans la cour où déambule une trentaine de détenus. Leur besace contient une arme, du produit irritant et des pinces coupantes. Peu de temps après, la situation dégénère.

«Fais pas le con!», lâche un détenu qui s’empare de l’arme et la braque sur un surveillant de la prison. L’enquête prouvera par la suite qu’il s’agissait d’un pistolet factice. Le prisonnier en question, un Serbe de 47 ans membre de la bande de braqueurs des Pink Panthers, prend alors la poudre d’escampette avec quatre autres camarades de prison. Ils réussissent à s’évader par les échelles laissées par leurs trois complices.

Le gang des «Pink Panthers» doit son nom aux policiers anglais qui l'avaient surnommé ainsi après un braquage à Londres. Un des braqueurs avait dissimulé un diamant dans une crème de beauté, comme dans l'un des épisodes de la série «The Pink Panther».
Photo: Capture d'écran YouTube

Deux d'entre eux sont directement repêchés le lendemain. Le fugitif balkanique, lui, est arrêté trois mois plus tard en France. Quant aux deux derniers, ils sont toujours dans la nature.

Petite anecdote qui a son importance. Cette évasion spectaculaire a marqué les esprits et il était hors de question de passer à nouveau pour le dindon de la farce. En 2023, soit dix ans après les faits, un autre braqueur — probablement lui aussi membre des Pink Panthers — a été condamné à neuf ans de prison par le Tribunal correctionnel de Genève.

Lors du procès, un important dispositif de sécurité a été mis en place: des policiers armés étaient postés tout autour du périmètre, un hélicoptère survolait les alentours, et des agents de la brigade d’intervention encadraient le prévenu. Une fois, mais pas deux.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la