Les médecins de famille se font rares, surtout dans les régions périphériques. En de nombreux endroits, il y a pénurie, ce qui influence évidemment la qualité des soins de base. Mais les cabinets médicaux sont désormais confrontés à un nouveau problème: un manque flagrant d'assistante médicale. Celles-ci sont débauchées par les caisses maladie, les hôpitaux et d'autres prestataires de services dans le domaine de la santé. Les médecins de famille en pâtissent et les conséquences peuvent être graves.
Blick s'est penché sur un exemple à Zermatt. Dans la station valaisanne, un cabinet de médecine générale souhaiterait employer un médecin supplémentaire pour la saison d'hiver qui approche. Le docteur serait trouvé, mais comme il manque d'assistantes médicales, son engagement risque de capoter. Les personnes concernées par ce dossier n'ont pas souhaité répondre aux sollicitations de Blick.
Les assistantes médicales attirées par les caisses maladies
Le cas de Zermatt le montre: en Valais, mais aussi dans le reste de la Suisse, les assistantes médicales manquent cruellement dans les cabinets. Les caisses maladie et les hôpitaux les attirent avec de bons salaires. Pour la Docteure Monique Lehky Hagen, présidente des médecins valaisans, la mauvaise rémunération des assistantes médicales est l'une des raisons de la pénurie de personnel. En Valais, le salaire de départ d'une assistante médicale est d'à peine 4200 francs brut.
En revanche, chez les caisses maladies ou dans les hôpitaux, elles sont nettement mieux payées. Petit susucre: elles sont parfois soumises à moins de stress. Monique Lehky Hagen l'assure: «Dans un hôpital, une assistante médicale reçoit 1000 francs de plus par mois.»
Les assistantes médicales sont donc très recherchées par les cabinets de médecins. «Sans assistantes médicales, un cabinet ne fonctionne pas», explique la présidente des médecins valaisans. Pour pallier un manque de personnel, elle a elle-même dû faire appel à une employée déjà à la retraite. «Mais tout le monde n'a pas cette chance», précise-t-elle.
Une charge de travail élevée
Il y a quelques mois, Monique Lehky Hagen a en outre trouvé une nouvelle employée en la personne de Nathalia Mayer. Là aussi, la chance était de la partie, car l'assistante médicale de 45 ans avait également reçu une offre d'un hôpital, avec un salaire de 1000 francs de plus par mois. «Je lui suis reconnaissante qu'elle ait quand même décidé de travailler pour moi», assure la médecin de famille de Brigue.
Mais pour elle, tout ne se fait pas encore dans la sérénité, loin de là. «Mes deux assistantes médicales se partagent un temps de travail de 100%, mais la charge à effectuer peut atteindre 150%», explique-t-elle. «Le travail est en effet très exigeant, je suis en fait toujours pressée par le temps», complète Nathalia Mayer.
Impossible d'obtenir un meilleur salaire
Pour Monique Lehky Hagen, il est toutefois impossible d'engager une autre assistante. Il n'y en a tout simplement pas assez sur le marché. Et puis il y a le problème de l'argent. Car pour rester compétitive, elle devrait payer davantage. «Mais je ne peux tout simplement pas offrir 1000 francs de plus par mois à mes assistantes médicales, soupire-t-elle. Mon chiffre d'affaires est trop bas pour cela, malgré des heures de consultation surchargées.»
La présidente des médecins valaisans renvoie au conflit tarifaire avec les caisses maladie. Selon elle, la valeur dite du point, qui détermine le prix d'une prestation médicale, correspond aux salaires des années 1990. «En Valais justement, où la valeur du point est basse, il doit y avoir une adaptation.» Sans cela, les soins de base risquent de s'effondrer, ce qui entraînerait une explosion des coûts et une baisse de la qualité des soins.
Une valeur du point tarifaire plus élevée est exigée
La revendication de la Valaisanne: la valeur du point tarifaire de son canton doit augmenter de cinq centimes pour atteindre 87 centimes. A titre de comparaison, la valeur actuelle dans le canton de Vaud est de 94 centimes. Pour le même travail, les médecins vaudois sont donc payés plus de 10% en plus. «Avec une valeur du point tarifaire plus élevée, nous pourrions réduire la pression sur le système», explique Monique Lehky Hagen.
Plus d'argent pour les médecins, alors qu'une nouvelle hausse massive des primes d'assurance maladie vient d'être annoncée, vraiment? Pour la médecin, ce n'est pas une contradiction. «Un investissement dans les soins médicaux de base, c'est-à-dire dans les salaires des assistantes médicales, garantit une médecine en temps réel et à moindre coût», affirme-t-elle.
Philippe Luchsinger, membre du comité de l'association Médecin de famille et de l'enfance Suisse, partage ce constat: «Il y a déjà des cabinets qui ont dû adapter leurs horaires d'ouverture, c'est-à-dire rester ouverts moins longtemps, parce qu'il manque d'assistantes médicales.» Monique Lehky Hagen ajoute: «Si un cabinet est fermé, il reste le recours aux urgences, ce qui est beaucoup plus cher.»