C’est une vidéo rare. Son intervenant le dit lui-même. Le colonel de l’état-major général (EMG) Stefano Trojani, le remplaçant du chef du renseignement militaire, s’adresse à la population suisse dans un clip publié sur la chaîne YouTube de l’armée.
Dans une allocution de 20 minutes, le colonel indique vouloir informer la population helvétique de la manière dont la guerre en Ukraine a, selon lui, modifié la situation sécuritaire en Europe: «Nous essayons ainsi de vous donner des informations ou des réflexions de première main.»
Le but de la vidéo: permettre aux gens de «mieux comprendre et d’appréhender davantage les mesures prises dans notre pays», explique Stefano Trojani. L’enregistrement a été relayé sur Twitter par le chef de l’armée suisse, Thomas Süssli.
Les Alpes rendent la guerre conventionnelle impossible
Un certain nombre de moyens ont été déployés pour réaliser la vidéo. Un studio spécial a été utilisé, et Stefano Trojani s’appuie tout au long du clip sur des cartes et des images projetées derrière lui. Le colonel explique les dispositifs pris par l’armée s’il fallait défendre notre pays: «Notre objectif est d’être prêts si un conflit éclatait entre deux belligérants.»
Le service de renseignement militaire a «observé et reconnu» que dans la zone de guerre ukrainienne, l’approvisionnement des unités de combat était un problème, détaille encore Stefano Trojani. Il poursuit en expliquant qu’une conduite de la guerre «de manière conventionnelle» n’est pas possible dans les Alpes suisses.
De plus, les eaux suisses obligeraient un «adversaire qui avance» à les traverser, analyse le militaire en se référant à la géographie locale. Il y aurait même une «similitude avec la zone de guerre» de l’Ukraine: «Nous pouvons imaginer que les difficultés pour les adversaires sont similaires à celles qu’un adversaire rencontrerait chez nous.»
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La Suisse a besoin de chars et de jets
Indirectement, Stefano Trojani souligne également la nécessité de disposer d'avions de combat: «Il n’est pas possible de défendre un pays sans composante terrestre et aérienne.» La Suisse a également besoin de chars pour «définir une forme de combat qui sera plus efficace dans la guerre moderne», insiste encore le colonel avant de préciser que le timing est très important. Sans doute une allusion à l’achat du nouvel avion de combat F-35 par la Suisse.
L’armée suisse prévoit de publier à l’avenir d’autres vidéos explicatives, indique son service de presse, sollicité par Blick. Six à neuf épisodes sont prévus.