La Confédération doit faire des économies, et elle le fait aussi avec les plus jeunes. Dans le cadre d'un important paquet d'économies, un million doit être économisé, entre autres, sur les subventions aux associations de jeunesse. L'année dernière, la Confédération a versé au total plus de sept millions de francs aux scouts, à la Jungwacht ou aux gymnastes.
Mais ils ne sont pas les seuls à avoir profité de cette manne financière. Les jeunes partis politiques ont également reçu en 2023 entre 84'715 francs (Jeunes du Centre) et 161'109 francs (Jeunes UDC). Divers syndicats, comme par exemple la Jeunesse Unia, ont eux aussi reçu plusieurs dizaines de milliers de francs.
Jonas Lüthy, président des Jeunes libéraux-radicaux, trouve que c'est une épine dans le pied. «Il est choquant que les jeunes partis et les syndicats soient financés par l'argent des contribuables.» Selon lui, il faut soutenir les efforts d'économies du Conseil fédéral. «Mais alors que les scouts et autres apportent une contribution précieuse à l'encouragement des enfants, le subventionnement d'acteurs politiques est contraire à la conception suisse de l'État.» C'est pourquoi il fait une proposition inhabituelle: les subventions fédérales devraient être supprimées pour les jeunes partis et les syndicats. «Ainsi, il faudrait moins économiser sur les autres associations, comme par exemple les scouts.»
Les jeunes libéraux-radicaux veulent renoncer à environ 140'000 francs
Si les contributions des acteurs politiques étaient supprimées, on pourrait déjà économiser plus d'un million par an, calcule-t-il. Les jeunes libéraux-radicaux eux-mêmes devraient alors renoncer à environ 140'000 francs. «Nous devrions trouver l'argent ailleurs, comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour les partis mères.» Selon lui, cette mesure pourrait aussi être applicable aux autres jeunes partis et aux syndicats.
Les jeunes libéraux-radicaux pourraient également renoncer à une demande de contribution auprès de la Confédération. Mais cela n'est pas prévu. «En cas de renonciation unilatérale, le contribuable n'économiserait pas un centime, car le pot de subventions resterait de la même taille», explique Jonas Lüthy. Les jeunes libéraux-radicaux utilisent notamment cet argent pour faire fonctionner leur secrétariat.
La proposition est soutenue par les Jeunes UDC. «Si tous les jeunes partis ne reçoivent plus de contributions de la Confédération, nous soutenons cette proposition. Ce n'est pas correct que l'État finance les partis, nous le signalons depuis des années», déclare le président Nils Fiechter. Jusqu'à présent, il affirme qu'ils prenaient l'argent pour ne pas être désavantagés sur le plan politique par rapport aux autres jeunes partis.
Pour la Jeunesse socialiste, cette mesure serait «fatale»
Mirjam Hostetmann devrait, elle aussi, renoncer à environ 160'000 francs en tant que présidente de la Jeunesse socialiste (JS). Elle critique la proposition des jeunes libéraux-radicaux. «Nous fournissons une éducation politique extrêmement importante pour les jeunes. À une époque où l'intérêt des jeunes pour la politique diminue, la suppression des contributions serait un signe fatal», déclare Mirjam Hostetmann. «Les jeunes libéraux-radicaux vont chercher leur argent auprès de l'industrie financière et font de la politique clientéliste en conséquence.» Si les cotisations étaient supprimées, ce serait probablement «fatal pour tous les jeunes partis».
La présidente de la JS critique les coupes dans la jeunesse en général. Avec le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), elle a déposé mardi une pétition munie de près de 15'000 signatures visant à renverser les mesures d'économie. «Cette coupe serait un désinvestissement sévère pour les jeunes générations et pour notre avenir.»
Des contributions en nette hausse
Les contributions aux jeunes partis ont nettement augmenté ces dernières années. En 2019, 67'000 francs étaient versés aux jeunes libéraux-radicaux. La contribution a donc doublé en l'espace de cinq ans. La distribution de la Confédération se fait selon un système de points. Ceux qui ont beaucoup de membres, qui organisent régulièrement des manifestations ou qui se mettent en réseau avec d'autres organisations sont plus royalement rémunérés.
Ce n'est pas la première fois que le financement des jeunes partis est sur la sellette. En 2018, le Conseil national a voulu couper les vivres aux jeunes partis. Mais cette proposition a échoué au Conseil des États.