La bonne nouvelle: l'Armée suisse n'a pas de déficit financier. La mauvaise: elle a un chef d'armée, Thomas Süssli, qui a provoqué ces derniers jours une grande inquiétude dans le monde politique suisse en faisant de fausses déclarations.
Fin janvier, la radio suisse alémanique (SRF) avait fait état d'un document interne selon lequel il manquerait 1,4 milliard de francs à l'Armée suisse d'ici fin 2025 pour payer des achats d'armement déjà effectués. Thomas Süssli aurait même mis en garde contre la fin imminente de l'armée.
L'armée et le Département de la défense se contredisent
Après que le Parlement n'ait pu se résoudre en décembre qu'à une augmentation retardée du budget de l'armée, cette dernière a dû supplier les entreprises d'armement de lui accorder un délai de paiement. À plusieurs reprises, le chef de l'Armée suisse a parlé d'un manque de liquidités.
Quelques jours plus tard, la ministre de la Défense Viola Amherd dément ces problèmes financiers. Selon elle, il est normal que des projets d'armement soient reportés. Le Département de la défense et de l'armée n'auraient rien fait de mal. Pour convaincre la commission des finances du Conseil national, Viola Amherd s'est même absenté vendredi de l'importante conférence sur la sécurité de Munich.
Devant la commission, la présidente de la Confédération a fait comprendre que la situation était dramatisée par le chef de l'armée. Comme l'a confirmé le Contrôle fédéral des finances, c'était «une erreur» de parler d'un manque de liquidités, a déclaré la présidente de la commission Sarah Wyss devant les médias. Il n'y aurait alors «aucune nécessité d'agir».
«Des mots qui ne peuvent pas être cités ont été prononcés»
Sarah Wyss n'a laissé planer aucun doute sur le fait que l'incompréhension règne quant aux déclarations du chef de l'armée: «Des mots qui ne peuvent pas être cités ont été prononcés.» Selon elle, les informations orales et écrites sur le manque de liquidités sont tout simplement fausses. Viola Amherd est bien consciente «qu'une telle chose ne doit pas se répéter», indique la présidente Sarah Wyss.
La conseillère fédérale Viola Amherd a en revanche précisé que l'armée est en mesure de remplir toutes ses obligations contractuelles. Toutefois, comme le budget militaire augmente plus lentement pour atteindre 1% du produit intérieur brut (PIB), certaines modifications de planification sont nécessaires.
Le chef de l'armée fait l'objet de doutes croissants
Il y aurait eu en 2014 déjà, environ 1,4 milliard de francs de «surplus financier». Ainsi, l'excédent actuel ne devrait pas non plus être une source d'inquiétude. Il diminuera dès 2025.
Thomas Süssli se retrouve donc sous le feu des critiques, des doutes importants quant à sa position de chef d'armée se font croissants parmi les parlementaires.