Heure de pointe à la gare de Genève. Des dizaines de milliers de passagers défilent chaque jour. Certains courent pour aller attraper l'Intercity en direction de Lausanne sur la voie 6. Dès qu'ils arrivent sur le quai, un relent épouvantables les accueille. Les trains à deux étages FV-Dosto des CFF continuent de dégager une forte odeur d'excrément. Le problème? Cela fait des mois que ces convois puent, Blick avait déjà écrit sur le sujet pendant l'été.
A l'époque, les CFF nous avaient expliqué que les toilettes des nouvelles rames de Bombardier étaient en cause. Des systèmes modernes ont remplacé les anciennes cuvettes qui s’ouvraient simplement sur la voie. Les eaux usées sont recueillies, avant que les composants solides soient séparés des liquides. Les liquides sont évacués après avoir été chauffé et filtré. Les matières solides sont collectées, avant de passer par un bioréacteur pour un traitement par bactéries. Et c'est là que se situe le problème.
Les bactéries des toilettes sont surchargées
Avec le retour des passagers dans les trains après la pandémie de Covid-19, ces petites bactéries étaient surchargées. Déjà à la fin de l'été, les CFF se montraient rassurant, tout en s'excusant du désagrément: des bactéries fraîches avaient été rajoutées et le problème était en passe d'être réglé.
Mais alors que l'automne s'installe, les odeurs nauséabondes n'ont pas complètement disparues malgré les efforts des CFF, remarque le satiriste Viktor Giacobbo sur Twitter: «Avec les trains FV-Dosto, il faut toujours prendre la décision difficile: l'étage supérieur avec des secousses plus fortes ou l'étage inférieur avec une odeur de WC plus forte...»
«Une partie des bioréacteurs a toujours une activité biologique insuffisante, ce qui peut entraîner la formation d'odeurs», confirme le porte-parole des CFF Martin Meier, interrogé à ce sujet. Il faudra encore quelques mois pour que les bactéries travaillent à nouveau à plein régime. Les odeurs nauséabondes devraient flotter jusqu'à la fin de l'année au moins.
Les bactéries doivent être réactivées dans le réservoir à l'aide d'un additif biologique. «Pour ce faire, nous devons à chaque fois retirer des voitures de l'exploitation tout en laissant suffisamment de wagons à disposition», détaille Martin Meier. L'ancienne régie fédérale regrette ce désagrément et compte résoudre le problème le plus rapidement possible.
D'autres trains sont également concernés
Le modèle FV-Dosto, très critiqués pour ses pannes à répétition, n'est pas le seul train à sentir mauvais, soulignent les CFF. Le même système de toilette est également installé dans les trains modernes des lignes RER.
Le fait qu'il y ait moins d'odeurs, voire pas du tout, est en partie dû au fait que les passagers vont moins souvent aux toilettes pendant les trajets courts comme sur les lignes régionales. Les bactéries sont donc moins sollicitées. A cela s'ajoute un tournus constant entre les différentes voitures. «Un wagon reste parfois durant une journée au dépôt», explique le porte-parole. Et les bactéries ont droit à un peu de répit.
«Les WC ne relèvent pas de la politique»
Les politiciens exigent désormais des actions. Marionna Schlatter, conseillère nationale des Vert-e-s: «Il faut veiller à ce que les transports publics soient attractifs. Cela implique que l'on ne soit pas incommodé par de telles odeurs. Je pars du principe que les CFF veilleront à ce que le problème soit résolu le plus rapidement possible.»
Le conseiller national du Centre Martin Candinas ne peut que secouer la tête: «Une telle chose ne relève clairement pas de la politique! Il est inadmissible que des politiciens débattent de WC. Cela est du ressort des CFF.»
Passagers, habituez-vous: les trains des CFF ne sentiront pas la rose de sitôt.