À Berne, c'est presque devenu un objet de plaisanterie: depuis deux ans, Martin Bäumle se déplace toujours avec son appareil de mesure du CO2 pour contrôler la qualité de l'air. Le propos du conseiller national est pourtant loin d'être farfelu: moins l'air est bon, plus les virus se propagent.
Récemment, le Zurichois a sorti son appareil lors d'un trajet de train pour rentrer chez lui depuis Berne. Et les valeurs affichées ont étaient tellement élevées qu'elles ont surpris l'élu: plus de 5142 ppm de CO2!
Une concentration jusqu'à 1000 ppm est considérée comme bonne. Sur le lieu de travail, il ne faut pas dépasser les 5000 ppm, selon la Suva. Alors que cette valeur a de fait été franchie dans l'Intercity reliant deux grandes villes alémaniques...
«Le Dosto est un nid à virus»
Martin Bäumle était assis dans un Dosto. Or, ce type de rames avait déjà échoué dans le grand test du CO2 réalisé par Blick voici un an. Furieux, le conseiller national s'en est pris aux CFF sur Twitter: «Le Dosto est un nid à virus, c'est connu. Les CFF devraient être dénoncés pour leur ignorance!»
Contactée par Blick, l'entreprise se défend: dans le train en question, il y a eu «un bref dysfonctionnement de l'installation de protection contre la pression», raison pour laquelle l'alimentation en air frais aurait été «interrompue plus longtemps que normalement».
La qualité de l'air dans les trains CFF est sinon «excellente», assurent-ils, d'après leurs propres mesures. Les valeurs se sont toujours situées dans une plage «normale» à «suffisante», et donc jamais dangereuse pour la santé. Dans de très rares cas, l'air aurait été moins bon pendant quelques minutes, mais la climatisation aurait alors rapidement réagi, et renouvelé l'air frais, assure l'entreprise ferroviaire.
«Les CFF doivent agir avant l'automne!»
En clair: tout est sous contrôle, et Martin Bäumle a joué de malchance en étant à nouveau confronté à une situation très rare. Cette réponse ne convainc pas Martin Bäumle. «Je veux bien croire aux coïncidences. Mais le fait que je me trouve toujours dans les trains où il se passe quelque chose d'exceptionnel, c'est quand même difficile à croire, non?»
Le Zurichois est d'autant plus sceptique qu'il a effectué de nombreuses mesures, et que les valeurs problématiques ont régulièrement été atteintes. Il souhaite davantage de transparence et de dialogue de la part des CFF.
«Actuellement, la situation n'est pas encore grave, et mesurer parfois des valeurs élevées ne doit pas nous faire paniquer, rassure celui que l'on surnomme parfois CO2-Bäumle. Mais, sur le front du Covid, les CFF doivent utiliser le temps à disposition jusqu'en automne pour se préparer!»