Dénégations devant la justice
Fourgon blindé braqué à Chavornay: les suspects genevois minimisent

Les suspects suisses du braquage de Chavornay (VD) ont été confrontés à leurs juges lundi à Renens. Ces deux Genevois ont minimisé, voire nié, leur implication dans l'attaque de convoyeurs de fonds en février 2018.
Publié: 04.07.2022 à 18:15 heures
C'est dans la salle d'audience cantonale de Renens (VD) que deux Genevois ont dû s'expliquer lundi sur leur participation au braquage de convoyeurs de fonds à Chavornay en 2018.
Photo: SALVATORE DI NOLFI

Les deux hommes ne sont pas accusés d'avoir pris part à l'assaut lui-même, ni d'avoir enlevé et séquestré la fille d'un des convoyeurs à Lyon. Ce kidnapping avait été orchestré pour forcer le fourgon à s'arrêter sur un parking à l'entrée de Chavornay, où trois hommes encagoulés et armés avaient dérobé 25 millions de francs.

Une quinzaine de suspects ont été arrêtés en lien avec ce braquage, la plupart en France, où ils n'ont pas encore été jugés. Les deux Genevois, eux, doivent répondre de leurs actes devant la Cour criminelle du Nord vaudois pour brigandage qualifié.

Amis à l'époque, les deux trentenaires ont reconnu lundi avoir pris part à des réunions préliminaires avec les futurs braqueurs. Ils ont toutefois assuré qu'ils n'étaient plus dans le coup lorsque l'attaque a été planifiée et perpétrée à Chavornay.

«Pas au courant»

«J'ai pris connaissance du braquage dans le journal», a affirmé l'un d'eux. «J'ai participé à certains préparatifs, fait des repérages. Mais je n'étais pas au courant de ce plan final, je pensais que tout avait été annulé», a déclaré cet ancien loueur de voitures de luxe.

Le second prévenu a raconté que son rôle s'était arrêté «près d'un an» avant le hold-up. S'il a admis avoir fait passer des messages entre les membres de la bande, il ne savait pas vraiment de quoi il était question, selon ses dires. Quant aux réunions auxquelles il participait, il faisait uniquement «acte de présence».

Pourtant, les deux Genevois se sont rendus à Lyon, quelques jours après le braquage, pour retrouver l'un des instigateurs de l'attaque. Le premier y est allé pour réclamer 500'000 francs, sachant qu'il avait «aidé à un certain moment». Pour le second en revanche, il n'était pas question d'argent. «J'ai fait ça pour rendre service», a-t-il juré.

Acculés de questions par le président du Tribunal et la procureure, placés face aux «incohérences» de leur récit et certaines «coïncidences» troublantes, les deux prévenus n'ont rien lâché. Malgré plusieurs mises en cause, y compris entre eux, ils ont maintenu leur version des faits.

Trompé par son collègue

Le convoyeur attaqué à Chavornay a lui aussi été interrogé lundi. Il a témoigné de ses difficultés à rebondir, mais surtout de celles de sa fille, qui avait été séquestrée pour l'obliger à arrêter son fourgon. «Elle avait plein de projets et, du jour au lendemain, vous avez détruit sa vie», a-t-il lancé aux deux accusés.

Il a aussi évoqué son coéquipier le soir du braquage, accusé d'avoir été de mèche avec les assaillants. C'est lui qui aurait eu l'idée d'attaquer un fourgon de sa propre entreprise et de cibler son collègue en s'en prenant à sa fille.

«Je lui ai écrit en prison pour savoir pourquoi il m'avait fait ça, alors que je l'avais pris sous mon aile. Mais il nie tout», a raconté l'ancien convoyeur, qui n'a plus retrouvé d'emploi stable depuis l'attaque.

Cette première journée d'audience a aussi porté sur d'autres activités délictueuses d'un des deux prévenus, notamment une affaire de home-jacking à Genève. Le procès se poursuit mardi, puis mercredi avec le réquisitoire de la procureure et les plaidoiries des avocats.

Déjà une condamnation

L'attaque de Chavornay fait partie d'une série de raids spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terres vaudoises entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne, Daillens, La Sarraz et Nyon. Des braquages qui ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a durci les règles pour le transport de fonds.

Si la plupart des suspects doivent être jugés en France, un premier procès s'est déjà tenu à Lausanne en mars dernier pour l'une des attaques du Mont-sur-Lausanne. Un Algérien, qualifié d'homme de main lors du commando, a écopé de 11 ans de prison.

(ATS)

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