Voilà une date qui doit être cochée en rouge, comme les couleurs de son parti, dans l'agenda de Cédric Wermuth. Le 16 août, le coprésident du PS Suisse joue rien moins que son avenir politique lors du congrès de la section argovienne du parti socialiste.
Tout est une histoire de règles internes: selon les statuts du PS, Cédric Wermuth devrait quitter le Conseil national lors des élections fédérales de 2023. Même s'il n'a que 36 ans, l'Argovien arrive au bout de la limite des mandats — douze années — prévue par son parti.
Pour vivre une 4e législature à Berne, Cédric Wermuth doit obtenir une suspension de cette règle. Il faut une majorité des deux tiers des délégués pour l'autoriser à se présenter une nouvelle fois sur la liste socialiste à l'automne prochain.
Le 3e siège en jeu
Tout semble indiquer que le coprésident du parti à la rose ne sera pas évincé. Le comité directeur de la section argovienne a mis à l'ordre du jour du congrès une proposition correspondante visant à supprimer la limitation de la durée du mandat.
Pour la direction du parti, il ne s'agit toutefois pas en premier lieu de sauver le soldat Wermuth. «La priorité est de défendre le troisième siège argovien au Conseil national», explique Stefan Dietrich, coprésident de la section cantonale, à l'«Aargauer Zeitung».
Un objectif pour lequel la présence des sortants sur la liste est capitale, selon les dirigeants du parti. La suppression de la limitation concerne aussi Yvonne Feri, mais la conseillère nationale compte quitter Berne.
«Pas de chèque en blanc»
La politicienne de 56 ans a annoncé dès juin, quinze mois avant les élections fédérales, qu'elle ne briguerait pas de nouveau mandat. Si la limitation à trois législatures a été «déterminante» dans sa propre décision, elle ne veut pas pour autant écarter Cédric Wermuth.
«Du point de vue argovien, il serait absurde d'empêcher le coprésident en exercice du PS Suisse d'accéder au Parlement», estimait-elle dans la presse locale.
Cédric Wermuth, lui, veut continuer sous la Coupole. Mais même s'il obtient une majorité des deux tiers dans dix jours, sa carrière bernoise ne sera assurée que pour une législature supplémentaire. «Il ne s'agit pas d'un chèque en blanc», prévient Stefan Dietrich.
Un certain malaise au PS
Au sein du parti lui-même, il y a un certain flou concernant la limitation des mandats. L'automne 2027 sera-t-il synonyme de fin de parcours quoi qu'il arrive pour Cédric Wermuth? Le coprésident du PS Suisse répond par la négative en pointant l'article 32 des statuts de son parti.
Selon l'interprétation de l'Argovien, cette limite de douze ans est un stade à partir duquel chaque nouvelle candidature doit être validée par une majorité des deux tiers — comme ce 16 août. Avec cette lecture, Cédric Wermuth pourrait tout à fait se représenter en octobre 2027.
Ce cas fait écho — vous y avez sans doute pensé à la lecture — à un autre en terres vaudoises. En juin, le PS local a approuvé l'idée d'une nouvelle candidature de Roger Nordmann l'an prochain pour le Conseil national. Il s'agirait d'un cinquième mandat pour le chef du groupe PS aux Chambres fédérales.
Le Vaudois aurait bien voulu rebondir au Conseil des États, mais sa voie était barrée par le poids lourd qu'est Pierre-Yves Maillard. Roger Nordmann a alors obtenu une... seconde prolongation de la limite des mandats. Une décision qui a été loin de faire l'unanimité, notamment chez les Jeunes socialistes.