Les deux conseillers nationaux auraient initialement dû s'affronter dans une sélection interne. Mais un arrangement, initié par Pierre-Yves Maillard et qui avait fuité vendredi, a été trouvé pour empêcher ce duel fratricide entre deux ténors du parti.
Roger Nordmann a accepté de retirer sa candidature pour le Conseil des Etats, en échange d'une deuxième dérogation pour se présenter au Conseil national aux élections fédérales d'octobre 2023. Selon les statuts de son parti, le Lausannois a en effet atteint le nombre limite de mandats à la Chambre du peuple, où il siège depuis 2004.
Sans cette dérogation, et en cas de défaite samedi face à Pierre-Yves Maillard, le chef de groupe du PS au Parlement n'aurait pas pu poursuivre sa carrière à Berne après 2023.
Un choix pour rassembler
Aux délégués réunis à Payerne, Pierre-Yves Maillard leur a demandé de faire «un choix qui vise l'efficacité, qui rassemble le parti plutôt que de le diviser.» Le président de l'Union syndicale suisse (USS) a pressé ses camarades de «se réunir derrière le même intérêt majeur: gagner ces élections.»
Roger Nordmann a affirmé qu'il trouvait son compte dans cette solution de dernière minute. «Pierre-Yves et moi avons encore beaucoup à apporter au parti et au pays», a-t-il déclaré.
Les délégués présents à Payerne ont réservé un accueil mitigé à cette solution. Certains ont salué une proposition qui permettait d'éviter de fracturer le PS Vaud, tout en laissant en course pour 2023 deux locomotives du parti.
Les jeunes socialistes se montrent critiques
Même l'ancienne conseillère d'Etat Anne-Catherine Lyon, qui n'a pas pu solliciter une dérogation en 2016, a plaidé pour offrir «au cas par cas» une telle solution. Selon elle, la question n'est pas de savoir s'il faut prolonger la carrière de Roger Nordmann, mais «si l'on veut continuer à perdre ou recommencer à gagner», a-t-elle dit.
D'autres voix, issues des jeunes socialistes, ont toutefois critiqué cette nouvelle dérogation. Elle empêche, selon eux, «le renouvellement des têtes» et «renie le débat démocratique.»
Les jeunes militants ont estimé que ces dérogations allaient «à l'encontre de nos principes», en rappelant notamment la devise du parti: «Pour toutes et tous, sans privilèges».
Au vote, l'arrangement imaginé par les têtes pensantes du parti est passé de justesse. Sur les 224 bulletins valables, il fallait récolter deux tiers des voix, soit 150, pour faire accepter cette proposition. Ils ont été 157 à la soutenir, tandis que 67 s'y sont opposés.
Pierre-Yves Maillard seul en course
Désormais seul en course, Pierre-Yves Maillard s'est ensuite livré à un vibrant discours, dans lequel il a vanté les mérites du socialisme et dénoncé «le poison du néolibéralisme».
Le Renanais de 54 ans a insisté sur «la nécessité d'être unis» et de «passer moins de temps à débattre de notre nombril en étant davantage orientés vers les problèmes des gens.»
En octobre 2023, Pierre-Yves Maillard aura comme mission de replacer le PS vaudois au Conseil des Etats. Un siège que le parti a perdu en 2019, lorsque le PLR Olivier Français et la Verte Adèle Thorens avaient été élus face à Ada Marra.
Pour la campagne qui s'annonce, Pierre-Yves Maillard a d'ores et déjà annoncé qu'il souhaitait faire liste commune avec Adèle Thorens «pour faire progresser les forces de gauche au Conseil des Etats.» A noter toutefois que l'écologiste n'a pas encore dit si elle souhaitait rempiler.
(ATS)