Déjà 40 millions de francs d'intérêts pour le crédit Covid
La Confédération s'enrichit grâce au sauvetage de Swiss

Pendant la crise du Covid-19, la Confédération et les banques ont mis en place un plan de sauvetage de 1,5 milliard de francs pour la compagnie aérienne Swiss. Cette dernière rembourse désormais le crédit: une aubaine pour la Confédération.
Publié: 03.04.2022 à 20:32 heures
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Swiss a obtenu un crédit de 1,5 milliard de francs pendant la pandémie. Ici son CEO, Dieter Vranckx.
Photo: keystone-sda.ch
Sarah Frattaroli

Si Swiss était tombé en faillite, cela aurait coûté plus d’un milliard de francs à la Confédération. UBS, Credit Suisse et d’autres banques ont accordé un crédit de 1,5 milliard de francs à la compagnie aérienne, chancelante en pleine pandémie de Covid-19: 85% de cette somme étaient garantis par la Confédération.

Au lieu de représenter une perte, la Confédération perçoit désormais des intérêts pour le sauvetage de Swiss! La compagnie aérienne remonte la pente et a jusqu’en 2025 pour rembourser l’argent aux banques. La Confédération reçoit 85% des intérêts, les banques en perçoivent 15%.

Jusqu’à maintenant, Swiss et Edelweiss ont versé 40,1 millions de francs d’intérêts à la Confédération, calcule la «SonntagsZeitung» en se référant aux chiffres de l’Administration fédérale des finances. À cela s’ajoutent 3,5 millions de francs d’intérêts versés par le prestataire de services aéronautiques SR Technics. Ce dernier avait reçu un crédit de 120 millions pendant la pandémie.

La solvabilité baisse, les intérêts augmentent

Les intérêts perçus par les banques et la Confédération auraient même pu être nettement plus élevés. Swiss n’a toutefois pas épuisé le crédit maximal de 1,5 milliard de francs. Au plus fort de la crise, la compagnie aérienne avait utilisé «un peu plus de la moitié» du volume de crédit, comme l’écrit encore la «SonntagsZeitung». Le patron de Swiss, Dieter Vranckx, était alors endetté à hauteur d’environ 750 millions de francs auprès de la Confédération et des banques. Entre-temps, la compagnie a réduit sa dette à moins de 400 millions.

Les intérêts ne sont dus que sur le crédit effectivement perçu, et non sur le volume maximal. Les performances de la maison mère allemande, Lufthansa, risquent toutefois de peser sur la filiale suisse pour le paiement des intérêts: la compagnie allemande a été rétrogradée à la note de «BB-» par l’agence de notation Standard & Poor's au cours de la pandémie. Si la note de crédit baisse, l’intérêt dû augmente en contrepartie, c’est ce que prévoit le contrat sur le plan de sauvetage.

En Suisse, la pandémie a été déclarée de facto terminée le 1er avril avec la levée des dernières mesures. Swiss est pourtant encore loin de voler au niveau d’avant la crise. Elle effectue toujours un tiers de vols de moins qu’en 2019. Pour aggraver le tableau, la guerre en Ukraine accroît l’incertitude dans le secteur aérien.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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