Au début de l’année, le politologue bernois Adrian Vatter estimait que les cantons avaient du mal à s’adapter rapidement à la dynamique extrême de la pandémie. Il leur manquait une planification prévisionnelle et une organisation de crise efficace, a-t-il expliqué dans une interview au «Bund».
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Ce point de vue coïncide avec d’autres jugements sur la gestion de crise. Les cantons n’étaient pas préparés à la pandémie et n’ont pas appris grand-chose des premières vagues. Tantôt le traçage des contacts ne fonctionnait pas, tantôt la vaccination n’avançait pas. Dans les écoles, les politiques de tests étaient chaotiques et les cantons ont attendu que les hôpitaux soient pleins pour prendre des mesures efficaces. En fait, les choses se sont toujours gâtées lorsque la Confédération a transféré la responsabilité de la lutte contre le Covid aux cantons.
Des conclusions différentes
Les cantons, eux, arrivent à une conclusion drastiquement différente. Dans un rapport confidentiel intitulé «Collaboration entre la Confédération et les cantons dans l’épidémie de Covid-19: conclusions et recommandations» rédigé par la Conférence des gouvernements cantonaux (CdC), ceux-ci se félicitent de leur politique de lutte contre le Covid.
Ils reconnaissent que la première phase de la crise a été «difficilement traversée» jusqu’à l’automne 2020. Mais ensuite, tout se serait merveilleusement bien passé. «Grâce à des structures cantonales et communales solides, les mesures ordonnées au niveau fédéral ont généralement pu être mises en œuvre rapidement et efficacement», peut-on lire dans le rapport que Blick a pu consulter.
Avec la levée de l’obligation du port du masque et la suppression de l’isolement, la Suisse entre désormais dans une phase plus détendue. Mais dès l’automne, la situation pourrait à nouveau devenir difficile. Les cantons devront alors pouvoir réagir rapidement et efficacement. Or, le rapport laisse planer le doute quant à leur capacité à faire face à une nouvelle recrudescence des infections.
Du temps et de l’argent en période de crise
La Conférence, dirigée par le conseiller d’Etat grison Christian Rathgeb, déplore que les cantons n’aient pas été suffisamment consultés par la Confédération ou l’aient été dans des délais extrêmement courts, alors que ce sont eux qui doivent mettre en œuvre les mesures.
Les cantons demandent donc plus de temps à l’avenir, ce qui n’est guère réaliste en période de crise. De plus, alors qu’ils disposaient généralement de plusieurs jours pour prendre position, les conseillers fédéraux et leurs départements ne disposaient souvent que de quelques heures. Ainsi, les propositions de mesures liées à la lutte contre le Covid n’arrivaient souvent que le mardi à 9 heures, et le Conseil fédéral devait prendre une décision 24 heures plus tard.
Difficultés à s’aligner
Les cantons ne demandent pas seulement plus de temps, mais aussi plus de concertations entre eux. Car pendant la pandémie, la CdC a rarement réussi à se mettre d’accord sur une opinion ou position commune. Au niveau régional, les cantons ont eu du mal à s’aligner sur une procédure conjointe. Ainsi, quand les restaurants étaient fermés dans un canton, la population pouvait tout simplement se rendre dans le canton voisin où ceux-ci étaient ouverts pour pouvoir en profiter.
Avoir plus de temps, cela ne suffit pas aux cantons. Ils veulent aussi plus d’argent, car les mesures ordonnées par la Confédération ont entraîné des coûts d’exécution élevés. Pourtant, la Confédération a supporté de très nombreux coûts pour les cantons et a largement soutenu l’économie avec différentes aides Covid.
Tout cela a laissé des traces évidentes dans les comptes de la Confédération, tandis que les bilans cantonaux sont plus optimistes que prévu. Par exemple, les comptes annuels 2021 du canton de Berne se soldent par un déficit de 63 millions de francs alors qu’un déficit de 539 millions de francs était attendu.
Rapport final publié mi-avril
Les gouvernements cantonaux ont discuté de leurs conclusions et d’éventuelles recommandations lors de l’assemblée plénière de la CdC, ce vendredi. Le rapport final est en train d’être rédigé et devrait être publié mi-avril. Il ne devrait pas aboutir à des conclusions très différentes.
(Adaptation par Quentin Durig)