«Déformation malveillante des faits»
Beat Jans met-il en péril les négociations de la Suisse avec l'UE?

Le ministre de la Justice Beat Jans a provoqué des remous avec ses déclarations publiques sur les négociations avec l'UE. L'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer a répliqué et parle d'une «déformation presque malveillante des faits».
Publié: 27.07.2024 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 27.07.2024 à 08:04 heures
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Beat Jans fait la promotion d'un nouvel accord entre la Suisse et l'UE.
Photo: keystone-sda.ch
Tobias Bruggmann, Rolf Cavalli

Alors que Berne et Bruxelles négocient discrètement la relance des relations entre la Suisse et l'Union européenne (UE), les querelles internes reprennent de plus belle dans notre pays.

Le ministre de la Justice Beat Jans a ouvert le bal mardi. Dans une tribune publiée dans la «NZZ», il défend avec force les «Bilatérales III». «Nous resterons (ou deviendrons) plus souverains – donc plus aptes à agir – si nous réglons nos relations avec notre grand voisin.» Ces déclarations ont fait bondir l'ancien conseiller fédéral Ueli Maurer. Vendredi, l'ex-président de l'Union démocratique du centre (UDC) a répliqué dans les colonnes du même journal en parlant d'une «déformation presque malveillante des faits».

«Très maladroit pour la tactique de négociation»

Des voix critiques se font aussi entendre au Parlement, et ce, contre les deux politiciens. «Beat Jans et Ueli Maurer n'agissent pas de manière magistrale, déplore le président du PLR Thierry Burkart. Du point de vue de la tactique de négociation, il est extrêmement maladroit que Beat Jans, en tant que représentant du gouvernement non responsable du dossier, signale à la partie adverse, avant même la conclusion des négociations et la prise de position de l'ensemble du Conseil fédéral, que la Suisse a besoin de pratiquement n'importe quel résultat et donc qu'elle l'accepterait.»

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«Tous deux font de la politique purement partisane et n'ont manifestement pas encore trouvé leur rôle de conseiller fédéral et d'ancien conseiller fédéral»
Thierry Burkart
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Thierry Burkart souligne que la délégation helvétique doit pouvoir travailler et négocier en toute tranquillité. Elle se trouve face à une «UE fermée». Il est d'autant plus important que la Suisse n'affaiblisse pas sa position par des querelles publiques entre (ex-)magistrats avant la fin des négociations. C'est la seule façon de préserver au mieux les intérêts de notre pays, selon le président du PLR.

Thierry Burkart est aussi agacé qu'un ancien membre du gouvernement s'immisce dans la discussion et contredise publiquement un ministre en activité. «Tous deux font de la politique purement partisane et n'ont manifestement pas encore trouvé leur rôle de conseiller fédéral et d'ancien conseiller fédéral.»

«Panique à l'UDC»

La conseillère nationale du Centre Elisabeth Schneider-Schneiter prend quant à elle la défense de Beat Jans. Elle ne pense pas que sa prise de position publique nuise aux négociations. «Il est important que nous menions dès maintenant un large débat sur ce sujet et pas seulement lorsque l'accord sera soumis au Parlement.»

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«La réponse d'Ueli Maurer illustre uniquement la panique de l'UDC»
Elisabeth Schneider-Schneiter
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Les déclarations du ministre socialiste refléteraient le «Common Understanding». Ce document, qui résume le résultat des négociations préliminaires entre la Suisse et l'UE, avait déjà été adopté par le Conseil fédéral il y a plusieurs mois.

«L'UDC mène sa campagne négative en permanence, il est donc nécessaire que des partisans de poids s'expriment», déclare l'élue bâloise. Les négociateurs suisses feraient un travail formidable et auraient déjà obtenu beaucoup de résultats selon elle. «La réponse d'Ueli Maurer illustre uniquement la panique de l'UDC», assène la centriste.

Beat Jans a-t-il le soutien du Conseil fédéral?

Qu'Ueli Maurer cherche à provoquer et ne mâche pas ses mots n'est pas une surprise dans la Berne fédérale. L'offensive de Beat Jans un peu plus. Certes, le conseiller fédéral socialiste est connu pour être un partisan de l'UE et, en tant que ministre de la Justice, il a son mot à dire dans la gestion du dossier par le gouvernement. 

Mais ce sont le ministre de l'Économie Guy Parmelin (UDC) et surtout le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis (PLR) qui mènent les négociations avec l'UE. Contacté par Blick, le Département de la justice indique que le texte de Beat Jans a été consulté par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La «NZZ» suppose que le «ministre des Affaires étrangères, silencieux depuis des mois» a même encouragé son collègue à introduire officiellement le terme de «Bilatérales III».

Pas de décision officielle

Lorsque le Conseil fédéral a publié le mandat de négociation en décembre, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis ne voulait pas encore donner de nom au projet. Selon lui, le mot «Bilatérales» n'a pas de connotation positive dans l'UE. «Parce qu'il suggère que la Suisse a un statut spécial.» 

Désormais, Beat Jans parle des «Bilatérales III» de manière offensive. Le terme est souvent utilisé dans le débat public, écrit encore le Département de la justice à ce sujet, avant de préciser: «Il n'y a pas de décision officielle du Conseil fédéral à ce sujet.»

Mais les déclarations de Beat Jans sur l'UE n'ont pas été aussi bien accueillies par tous les conseillers fédéraux. Selon les informations de Blick, certains d'entre eux n'en ont pris connaissance qu'à la lecture de la «NZZ».

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