L'histoire démarre lorsque des habitants d'Aran-Villette, alertés par un projet immobilier, contactent l'avocat vaudois Marcel Heider. Celui-ci a l'idée de faire appel à Franz Weber, qui venait de mener un premier combat écologiste pour préserver le village de Surlej dans les Grisons.
Franz Weber, qui travaille alors à Paris comme journaliste, se rend en Lavaux. Le Bâlois est «époustouflé par la beauté de ce paysage unique au monde» et, le 4 février 1972, il fonde l'association Sauver Lavaux avec son épouse Judith Weber et Me Heider, rappelle vendredi la Fondation Franz Weber dans un communiqué.
Une première initiative cantonale est lancée en 1973 pour fixer la protection du vignoble dans la Constitution vaudoise. Le peuple l'accepte en 1977 par 54,9% des voix. Deux ans plus tard, la loi sur le plan de protection de Lavaux (LLavaux) entre en vigueur.
Deuxième initiative pleinement plébiscitée
L'article constitutionnel protégeant Lavaux est toutefois menacé en 2002, dans le cadre de la révision de la Constitution vaudoise. Franz Weber lance alors l'initiative «Sauver Lavaux 2», plébiscitée par le peuple vaudois en 2005 avec 81% des suffrages.
En 2007, la région de Lavaux et Franz Weber obtiennent un nouvel appui, international cette fois-ci: le site est inscrit au patrimoine de l'Unesco. Cette reconnaissance n'a certes pas force de loi, mais elle atteste de la qualité exceptionnelle des lieux.
En 2014, la population vaudoise doit se prononcer sur une nouvelle initiative, «Sauver Lavaux 3», qui vise à durcir la loi pour préserver le site. Le peuple lui préfère toutefois le contre-projet du Conseil d'Etat.
Plan d'affectation cantonal
De cette dernière votation en date est né un Plan d'affectation cantonal (PAC Lavaux), élaboré par la Direction générale du territoire et du logement. Ce PAC, qui a suscité 160 oppositions lors de l'enquête publique en 2019, se trouve actuellement entre les mains du Grand Conseil.
Sauver Lavaux, qui n'a rien perdu de sa pugnacité en 50 ans, fait partie des opposants, aux côtés de nombreux privés et d'autres organisations comme Pro Natura ou Helvetia Nostra. Désormais sans Franz Weber, décédé en 2019 à l'âge de 91 ans, l'association estime que le canton s'est montré trop permissif avec son PAC. Elle craint toujours une dénaturation du site.
«Aujourd'hui, Sauver Lavaux poursuit son combat de terrain, jour après jour», poursuit la Fondation Franz Weber dans son communiqué. Et de conclure avec une déclaration de Vera Weber, vice-présidente et fille de l'illustre écologiste: «On oublie parfois que c'est grâce à Franz Weber et à l'association Sauver Lavaux, que nous nous émerveillons encore devant ce paysage unique au monde, et que les générations futures pourront en profiter. C'est cela, son héritage: d'avoir pu préserver ce magnifique joyau pour les habitants du canton de Vaud, de la Suisse et du monde entier.»
(ATS)