C'était un peu couru d'avance. Elle-même estimait ses chances inférieures à 15%. Lynn Bertholet ne sera pas la première élue trans au Conseil national. Pire: son parti perd un siège au sein de la députation genevoise.
«Moi, je ne m'attendais pas à être élue, avoue l'économiste, jointe par téléphone. J'arrive en huitième position parmi les Vert-e-s alors que je visais la sixième place. Je suis bien sûre déçue qu'on perde un fauteuil à la Chambre basse, même s'il est récupéré par notre allié socialiste et par Estelle Revaz, novice en politique, comme moi.» La sexagénaire est inquiète: «Les scores de l'UDC (ndlr: Union démocratique du centre) et du MCG (ndlr: Mouvement citoyens genevois, deux sièges de plus) me font pleurer. Je salue les Vert'libéraux qui ont refusé de s'allier avec cette droite nauséabonde!»
Comment explique-t-elle le recul des écologistes? «Nous sommes trop intellos, pas assez directs dans notre communication, analyse la fondatrice de l'association ÉPICÈNE, qui vient en aide aux personnes trans. Et puis, nous sommes trop monothématiques. Le climat a été récupéré par les autres partis, mais les Vert-e-s ne se profilent pas sur l'économie, par exemple.»
«Deux fois mieux qu'il y a huit ans!»
Lynn Bertholet relativise tout de même. «En 2015, nous n'avions fait qu'un siège, contre trois en 2019. Avec deux sièges, c'est toujours deux fois mieux qu'il y a huit ans!»
Pour mémoire, Blick l'a suivie de l'annonce de sa candidature en août 2022 au vendredi précédent les élections de ce dimanche. L'article, une plongée multimédia et intime dans sa campagne, a fait quelques vagues: Lynn Bertholet n'a pas sa langue dans sa poche. «Au sein de mon parti, j'ai reçu autant de critiques que de félicitations après la publication.»
Quid de son avenir politique? «Je vais m'engager à fond pour que Lisa (ndlr: Mazzone, les Vert-e-s) et Carlo (ndlr: Sommaruga, socialiste) puissent garder leurs sièges au Conseil des États lors du second tour. Après, je verrai!» Spécialiste du monde de la finance, l'ex-directrice d'une grande banque privée n'ira pas voir du côté des Vert'libéraux. «Je déteste les gens qui picorent!»