Avec sa victoire à l'Eurovision, Nemo a relancé le débat sur l'introduction d'un troisième sexe pour l'état civil en Suisse. En tant que personne non-binaire, il se bat pour la reconnaissance de son identité de genre. Siber Arslan, conseillère nationale verte et son collègue du parti évangélique Marc Jost confronte leurs arguments.
Sur la victoire de Nemo
Les intersexes? Une exception
Tout d'abord, le sexe biologique et l'identité de genre sont deux choses différentes. Le premier est une donnée naturelle: on naît soit avec des caractéristiques sexuelles masculines, soit avec des caractéristiques sexuelles féminines.
Les personnes intersexuées, qui naissent avec une variation de caractéristiques sexuelles, constituent une exception. Il est intéressant de noter que leur association de défense s'oppose à une «troisième» inscription du sexe.
Le Conseil fédéral ne doit rien changer
L'identité de genre, en revanche, est un sentiment subjectif qui est également influencé par des constructions sociales. A savoir, ce que l'on se représente comme étant les rôles masculins et féminins.
A mon avis, la loi devrait continuer à s'orienter sur le sexe biologique, comme l'a décidé le Conseil fédéral. Et ce d'autant plus que la perception subjective des gens peut évoluer au fil du temps. Nemo n'en est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Cela ne signifie pas pour autant que les personnes qui se définissent comme non-binaires ne doivent pas être respectées. Chaque être humain possède une dignité inviolable, indépendamment de son sexe, de sa religion, de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.
Renoncer à l'indication du sexe
Le Conseil national a chargé le Conseil fédéral, par le biais d'un postulat, d'examiner les mesures qui pourraient améliorer la situation des personnes qui s'identifient comme non-binaires, sans pour autant introduire un troisième sexe.
Cette approche me semble plus ciblée. On pourrait par exemple examiner les cas où il est possible de renoncer à l'indication du sexe. La question centrale devrait être de savoir si la mention du sexe est pertinente et offre une valeur ajoutée, que ce soit pour des raisons de sécurité ou des considérations de santé.