Il ne reste pratiquement rien d'une ferme vieille de plus de 300 ans dans le canton de Thurgovie... à l'exception de deux murs extérieurs. Classée bâtiment historique, la bâtisse a été démolie illégalement par ses propriétaires.
Et cela ne sera pas sans conséquences. En effet, ce bâtiment de la commune de Uesslingen-Buch était classé et protégé en raison de ses caractéristiques historiques, et de son passé de lieu d'artisanat.
Une autorisation partielle accordée
Une partie des travaux a bien été autorisée par les autorités locales, en accord avec le service de préservation des monuments historiques. Ainsi, les propriétaires ont pu démolir l'ancienne grange en toute légalité. La ferme, en revanche, n'aurait pas dû être démontée.
Interdiction dont les propriétaires des lieux n'ont, de toute évidence, pas tenu compte. Pusiqu'ils ont tout de même rasé le bâtiment sans autorisation. Le cas a bien fait parler, dans la petite commune située près de Frauenfeld. Jusqu'à arriver aux oreilles du service de protection des monuments historiques.
«C'est incroyable»
Gianni Christen, secrétaire général de la Thurgauer Heimatschutz, n'y va pas par quatre chemins. Déclarant qu'il est «incroyable que quelqu'un démolisse aussi simplement un bâtiment qui a une valeur historique, et un statut de protection juridiquement contraignant. C'est un comble».
Le maître d'ouvrage aurait de fait dû faire une demande de permis de construire au préalable — comme il en va de tous les projets de construction. Dans le présent cas, cette procédure aurait dû s'accompagner d'une expertise pour les bâtiments protégés, précise le fonctionnaire.
Amende salée en vue
Tout cela devrait avoir des conséquences couteuses pour les propriétaires du terrain. Il est possible qu'ils doivent prendre en charge la reconstruction de la ferme, qui se ferait à l'image de la bâtisse originelle, sous l'égide du service de protection du patrimoine, et avec les autorisations nécessaires délivrées par la commune en amont, cette fois, précise Gianni Christen.
De plus, la commune ayant déposé une plainte pénale, l'addition risque d'être salée. Christof Schweizer, président de la commune d'Uesslingen-Buch depuis juin 2023 et responsable de l'Office des constructions, confirme les faits: «Nous avons déposé une plainte pénale contre les parties impliquées.»
En attendant que justice se fasse, la procédure d'autorisation pour la reconstruction a déjà été relancée, et est en cours d'examen. «Nous avons des échanges constructifs avec le service des monuments historiques, le service de la protection du patrimoine, et l'auteur du projet.»