Les personnes qui se cramponnent à leurs accoudoirs (ou au bras de leur voisin) au moindre tressautement de la cabine ne devraient peut-être pas lire cet article… à moins que l'idée de connaître les vols les plus turbulents de l'année 2024 puisse apaiser leurs angoisses.
Car après avoir pris connaissance des différents classements diffusés par la plateforme Turbli, il ne leur restera plus qu'à éviter soigneusement les trajets cités parmi les plus mouvementés.
Le problème, c'est que le classement européen des 10 vols les plus turbulents comprend une majorité de trajectoires incluant une provenance ou une destination suisse. Le podium est effectivement occupé par les vols Nice-Genève, Nice-Zurich et Milan-Zurich.
Les turbulences restent légères
En cinquième et sixième positions, on trouve le vol Nice-Bâle, suivi du voyage Genève-Zurich. La cité de Calvin réapparaît en huitième position, avec le vol Genève-Venise, suivi par Lyon-Zurich et Venise-Zurich. En d'autres termes, seuls deux vols cités sur dix n'ont aucune provenance ni destination suisse.
Pas de panique, cependant: le baromètre permettant de mesurer l'intensité des turbulences observées n'est pas très élevé pour les vols mentionnés, oscillant entre 16 et 15 EDR (Eddy Dissipation Rate, soit la racine cubique du taux de dissipation de l'énergie turbulente). Cela signifie, selon Turbli, qu'on reste dans la catégorie des turbulences légères (situées entre 0 et 20). À noter que les turbulences sont considérées comme «fortes» à partir de 40 EDR et «extrêmes» à partir de 80 EDR.
La faute aux montagnes
Ainsi que nous le précise Silvia Exer-Kuhn, porte-parole de Swiss, la compagnie aérienne ne possède actuellement aucune évaluation des vols les plus turbulents: «Nous ne pouvons donc pas confirmer que les vols entre Genève et Nice, Milan ou Zurich sont davantage concernés. En général, les turbulences sont plus courantes au-dessus des Alpes ou des régions montagneuses. Mais même si les probabilités sont faibles, des turbulences inattendues peuvent intervenir dans n'importe quel vol.»
C'est bien pour cette raison que les passagers sont priés de garder leur ceinture de sécurité attachée, particulièrement lorsque le petit indicateur lumineux est allumé. «Nous entraînons régulièrement les membres de nos équipages à la gestion de plusieurs types de situations exceptionnelles, rassure la porte-parole. Cela s'applique à la fois à l'entraînement des pilotes dans les simulateurs, et aux membres du personnel de cabine, qui doit s'assurer que les passagers appliquent toutes les recommandations de sécurité dans la situation peu probable de turbulences importantes.»
La trajectoire le plus turbulente: Mendoza à Santiago
Pour réaliser son classement 2024, Turbli a analysé 10'000 trajectoires reliant les 550 plus grands aéroports au monde. Notons, pour rassurer les Helvètes stressés en avion, que le top 10 mondial ne compte aucun vol suisse: c'est plutôt l'Amérique du Sud qui est sacrée championne des turbulences, à l'échelle planétaire. En tête de la liste, on découvre effectivement le vol reliant Mendoza, en Argentine, à Santiago, au Chili, avec une intensité estimée à 24,6 EDR (soit des turbulences «modérées»).
La deuxième place revient au vol reliant Córdoba, en Espagne, à Santiago (20,2 EDR), suivi par le trajet Mendoza, en Argentine, à Salta, en Espagne (19,8 EDR). Aucune des moyennes relevées par la plateforme, même dans le top 10 mondial, ne dépassent donc les turbulences «modérées».
De nouvelles technologies pour prédire les turbulences
Bien que le changement climatique tende à augmenter le risque de turbulences, la technologie moderne permet également de les anticiper de mieux en mieux:
«La prédiction précise des turbulences est un défi scientifique majeur, ajoute Silvia Exer-Kuhn. De grands progrès ont été réalisés dans ce domaine, ces dernières années.» En 2019, Swiss et Edelweiss devenaient notamment les premières compagnies aériennes européennes à s'équiper d'un algorithme permettant de mesurer les turbulences en temps réel et de transmettre les résultats à l'Association internationale de transport aérien (IATA).
«En 2023, nous avions introduit l'application de météo 'eWAS', avec le soutien de l'Office fédéral de l'aviation civile, pour projeter les mesures des turbulences en temps réel, ainsi que les prévisions, directement dans le cockpit», conclut notre interlocutrice. Le but: traverser les zones concernées de manière proactive et demander aux passagers de mettre leurs ceintures dès que cela devient nécessaire.