Unner Moos est un hameau situé près de Naters (VS). Un endroit paisible où se côtoient quelques vieilles maisons valaisannes, une chapelle, une fontaine. Un chemin de randonnée serpente entre les chaumières, le long des étables où paissent des moutons à nez noir. Cinq familles seulement vivent ici, à environ 15 minutes de route de la vallée du Rhône. Une apparente paix semble régner sur Unner Moos. Pourtant, rien n'est moins vrai…
Car deux des cinq familles se disputent très violemment, et ce, depuis très longtemps. Depuis plus de 20 ans, nous confient les principaux intéressés. Et les choses ne cessent de s'envenimer. On s'insulte, on se menace. Et même, on se bat. Il y aurait déjà eu une attaque au spray au poivre. A cela s'ajoute une arme à feu illégale. «Depuis des années, il y a régulièrement des interventions de la police et des enquêtes pénales», ajoute le Ministère public valaisan.
Spray au poivre et une jambe blessée
Markus Müller est assis à la table de la cuisine de l'une de ces maisons. Avec sa femme, il représente l'un des deux «camps» de cette guerre de voisinage. Par peur de représailles de ses adversaires, le Bâlois ne veut pas se laisser photographier.
Selon le Ministère public, Markus Müller aurait commis une infraction le 12 mars 2021. Il est accusé de coups et blessures, de menaces et de contrainte. En effet, ce soir-là, Markus Müller aurait attaqué son voisin Hermann B.* avec un spray au poivre, sans avertissement préalable. L'agresseur présumé voit les choses différemment: «J'ai été attaqué en premier, je n'ai fait que me défendre», dit-il à Blick.
Après l'incident du spray au poivre, Fabian P.* est entré en scène. C'est l'ennemi juré de Markus Müller, et le beau-père de Hermann B. Pour aider son gendre, il a tenté de prendre le spray au poivre de Markus Müller. Ce dernier aurait alors poussé le beau-père. Patatras, Fabian se retrouve avec une blessure béante à la jambe. Une fois de plus, les événements déclenchent une bagarre, des insultes et des menaces. Une fois de plus, la police a dû intervenir.
Insultes et menaces
Fabian n'est pas seulement une victime, il sait aussi se défouler. Le Ministère public lui reproche d'avoir insulté et injurié Markus Müller à plusieurs reprises depuis 2018. Des insultes comme «Saubasler» (en français: «Putain de Bâlois») ou «Hurenpack» (en français: «Bande de putes») auraient été balancés. Avant que Fabien n'ajoute: «Retournez d'où vous venez!»
En 2019, la situation est devenue de plus en plus abjecte. Fabian aurait montré ses fesses nues devant Markus Müller. Puis, il lui aurait fait plusieurs fois un doigt d'honneur et l'aurait traité de «chien de merde triste comme le ciel».
Les enquêteurs ont également trouvé un pistolet et des munitions chez Fabian. Markus Müller déclare: «Quand j'ai appris cela, nous avons eu encore plus peur de lui.» Interrogé par le Blick, Fabian n'a pas souhaité s'exprimer.
Que se passe-t-il vraiment?
Markus Müller et Fabian ne peuvent définitivement pas se supporter. Mais pourquoi donc? «Il y a des dizaines d'incidents qui ont conduit à cette situation», explique Markus Müller.
Tout a commencé avec une histoire de tas de fumier. Selon Markus Müller, Fabian les a installés dans le «Unner Moos» en violation des règles de protection des eaux. Pourtant, une expertise cantonale a conclu que tout était conforme. Mais pour Markus Müller, c’est un scandale judiciaire : «Les autorités se couvrent mutuellement, elles sont toutes contre nous parce que nous venons de Bâle.»
Markus Müller est aussi en désaccord avec Fabian au sujet du droit de passage que ce dernier détient sur son terrain. «Fabian a tout fait pour que nous ne puissions plus arroser nos prairies», accuse le Bâlois. Pour lui, cela ne fait aucun doute: «Fabian et sa famille convoitent notre maison et nos 40'000 mètres carrés de terrain!» Selon Müller, cette intimidation vise à les faire plier. Mais il reste ferme: «Ils ne nous feront pas partir. Nous ne céderons pas. Jamais!»
Quatre jours de prison prévus
Cela ne plaide pas en faveur d'une amélioration. D'autant plus que Markus Müller doit commencer à purger une peine de prison de quatre jours début novembre. Il n'a pas payé l'amende d'une procédure antérieure, en lien avec Fabian. «Ils devront déjà venir me chercher», précise-t-il. La prochaine intervention de la police semble programmée.
Les deux familles comparaîtront le 24 octobre devant le tribunal de district de Brigue dans deux procédures différentes. La présomption d'innocence s'applique.
*Les noms ont été modifiés