En 2019, 142 nouvelles victimes avaient été identifiées par les quatre centres de consultation spécialisés de la Plateforme Traite, qui ont pour la première fois recensé leurs cas de manière groupée cette année-là, indique mercredi la plateforme.
Deux ans plus tard, ce chiffre était en hausse de 50%: en 2021, les centres de consultation ont identifié 207 nouvelles victimes de traite. Au total, 492 personnes ont été prises en charge, conseillées et accompagnées.
Environ deux tiers des victimes ont fait l’objet de traite à des fins sexuelles. Les victimes d’exploitation du travail et les personnes utilisées pour des activités criminelles représentent le troisième tiers.
Elles ont notamment été exploitées dans des ménages privés, dans la restauration, dans des ongleries, dans la construction ou contraintes à mendier ou commettre des actes illicites tels que le vol.
Coopérations étroites
Les victimes sont originaires de 55 pays différents. Le Nigéria, la Roumanie le Brésil et la Hongrie sont les pays d’origine les plus fréquents des nouvelles victimes identifiées. 40% d’entre elles sont originaires d’Afrique, 30% de pays européens, 17% d’Asie et 12% d’Amérique latine.
Selon les centres de consultation, deux raisons principales sont à l’origine de cette augmentation du nombre de victimes. D’abord la prise de conscience accrue de la problématique, la formation et la sensibilisation de spécialistes au sein de la police, dans le domaine de l’asile, du secteur social et de la santé.
Des coopérations étroites ont été mises en place, qui permettent d’identifier davantage de victimes et de les mettre en contact avec la plateforme.
Ensuite, l’augmentation du nombre de victimes peut également indiquer une augmentation généralisée de la traite d’êtres humains, estime la plateforme. La vulnérabilité de nombreuses personnes s’est en effet accrue durant la pandémie.
Situation de précarité
Beaucoup de victimes ont été exploitées parce qu’elles se trouvaient dans une situation de précarité, aggravée par les restrictions imposées par les autorités. En même temps, les possibilités de migration sont de plus en plus limitées pour les personnes peu qualifiées.
Les chiffres relatifs aux victimes – nombre, origine, forme d’exploitation – varient fortement d’un canton à l’autre. Lorsque des organisations spécialisées dans la protection des victimes existent et disposent d’un financement adéquat, il est plus facile d’obtenir une protection et un soutien ainsi que de poursuivre les auteurs de traite.
C’est pourquoi la Plateforme Traite demande à la Suisse de mettre en place dans tous les cantons des structures de protection spécialisées dotées d’un financement adéquat.
(ATS)