Conséquences de la hausse des taux d'intérêt
«Le revenu librement disponible des ménages ne cesse de diminuer»

Un relèvement de 0,25 point de pourcentage: de premier abord, cela ne semble pas représenter beaucoup d'argent. Mais l'augmentation du taux d'intérêt de référence touche aussi les locataires de la classe moyenne. Explications.
Publié: 02.06.2023 à 18:04 heures
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Maison, voiture, vacances à l'étranger: ce qu'une famille pouvait s'offrir autrefois n'est plus aussi abordable aujourd'hui.
Photo: imago images/Geisser
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Lea Hartmann

Cette décision aura un impact très concret sur le porte-monnaie de nombreux ménages suisses. Jeudi, l’Office fédéral du logement (OFL) a augmenté le taux d’intérêt de référence déterminant pour les loyers de 0,25 point de pourcentage pour le porter à 1,5%. Il s’agit de la première augmentation depuis son introduction il y a 15 ans. Les bailleurs peuvent se frotter les mains: une grande partie d’entre eux pourra désormais augmenter les loyers de 3%. De nombreux ménages recevront d’ici la fin du mois une lettre annonçant une augmentation de loyer à partir de la prochaine date de résiliation.

Selon l’OFL, le loyer de nombreux ménages devrait même augmenter de 5 à 6% cette année. En effet, les bailleurs peuvent également répercuter une partie de l’inflation sur ce montant. Et ce n’est pas fini. Selon la Confédération, une nouvelle hausse du taux d’intérêt de référence pourrait bientôt intervenir en raison de l’évolution des taux d’intérêt moyens sur les hypothèques.

Plus de vacances ou de voitures

Des primes d’assurance-maladie plus élevées, des charges en hausse, des denrées alimentaires plus chères, et désormais des loyers qui s’envolent. «Depuis des années, le coût de la vie augmente. Par conséquent, le revenu librement disponible ne cesse de diminuer», s’inquiète Philipp Frei, directeur de l’association faîtière Budget-conseil Suisse.

Une maison individuelle, une voiture, des vacances à l’étranger: il y a encore 40 ans, c’était des dépenses que les familles faisaient sans arrière-pensée. «Aujourd’hui, beaucoup ne peuvent plus se le permettre.» Depuis plusieurs années, ce ne sont plus seulement les ménages à la limite de la pauvreté qui s’adressent aux centres de conseil en matière de budget, mais aussi des familles de la classe moyenne qui ont du mal à payer leurs factures en raison de l’augmentation du coût de la vie.

Autrefois, la règle générale voulait que le loyer ne devait pas représenter plus d’un tiers du revenu. Cela a changé, explique Philipp Frei. Aujourd’hui, il conseille de dépenser environ un quart de son revenu pour le loyer. Sinon, les fins de mois risquent d’être un peu justes.

«Le budget se gonfle insidieusement»

Ce sont les primes d’assurance maladie qui ont le plus augmenté. Selon les estimations de la Confédération, un ménage moyen de 2,1 personnes doit actuellement débourser près de 700 francs pour ses primes. Sur 12 mois, cela représente 750 francs de plus qu’il y a cinq ans.

Dans d’autres domaines, les coûts n’ont que légèrement augmenté. Mais tout cela s’accumule. «Le budget ne cesse de gonfler insidieusement», constate Andrea Gärtner, conseillère sociale chez Caritas.

Deux mois de salaire en réserve

L’augmentation du coût de la vie a des conséquences bien tangibles: les parents hésitent davantage à aller chez le médecin avec leurs enfants, sauf s’il y a une urgence. Une évolution que la conseillère observe depuis quelques années. «En outre, de plus en plus de familles doivent faire des concessions sur la qualité de la nourriture.» Et retourner dans son pays d’origine pour rendre visite à ses proches est devenu inabordable pour de nombreuses familles issues de l’immigration. Conclusion: le fait que les loyers augmentent en plus du reste est «dévastateur» pour les personnes touchées par la pauvreté.

Comment agir pour ne pas se retrouver dans une situation financière difficile? Philipp Frei conseille aux familles d’établir un budget clair. Il recommande de prévoir un montant légèrement plus élevé que le coût réel pour le loyer et les charges. «Il est stratégique d’avoir au moins un à deux mois de salaire en réserve.»

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