L’actuelle inflation, la crise énergétique et les sombres perspectives économiques et géopolitiques: tout nous pousse ces derniers mois à être plus fourmis que cigales. Voire à cultiver un côté radin - tel que le préconise le site radin.ch - quasiment bien vu en cette période où l’austérité est parfois érigée en vertu civique. Mais la chose ne s’improvise pas, surtout pour qui fut cigale dépensière tout l’été.
Une des idées clés pour devenir un radin accompli est d’apprendre à faire la différence entre un véritable besoin et une simple envie, par nature superflue: «En conscientisant ses pulsions d’achat, on peut plus aisément ne pas concrétiser une dépense ou la reporter à plus tard quand elle ne rentre pas dans son budget actuel», recommande Ganimete Heseti, responsable bénévole du Conseil en budget à la section vaudoise de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Pour Blick, elle partage ses conseils par thème pour assainir vos finances:
Établir un budget rigoureux
Avant de tailler dans le gras, il faut établir un budget rigoureux de ses actuelles dépenses. «Pour cela, on peut utiliser un simple carnet, un tableur type Excel ou même une application gratuite telle que BudgetCH qui permet d’ajouter ses propres catégories.» Ganimete Heseti estime que 30 à 40% des ménages n’établissent pas de budget précis. Résultat: ils ont une vision floue de leurs dépenses et risquent de faire des achats inadaptés à leur situation financière. Elle conseille de lister toutes ses dépenses courantes et ponctuelles sur un ou deux mois afin d’avoir une vision précise de sa situation et ainsi agir efficacement.
Maîtriser son loyer
C’est bien souvent la plus grosse partie d’un budget. «Le loyer ne doit jamais dépasser 30% de ses dépenses mensuelles totales. Si c’est le cas, il est peut-être temps de changer de lieu de vie, mais la chose n’est malheureusement pas toujours possible, surtout dans des villes comme Lausanne où la demande est forte et les loyers élevés.»
Ne pas faire les courses quand on a faim
Il s’agit également d’un montant de dépenses important, mais que l’on peut facilement analyser et réduire. En moyenne, un adulte suisse dépense 400 à 450 francs par mois pour se nourrir. Le hic, c’est que beaucoup finissent par jeter 10 à 15% des aliments achetés, faute de rigueur dans la gestion des quantités et des dates de péremption notamment. «Manger à l’extérieur revient vite à 25 CHF. Pourquoi ne pas préférer préparer des plats en plus grande quantité et les congeler? Une autre option consiste à acheter en gros lorsque des promotions intéressantes (et pertinentes au regard de sa consommation), sont proposées.» Il est aussi possible de s’organiser à plusieurs, en groupement d’achat, pour commander en gros à prix cassés, par exemple auprès de Bio Partner. Et un conseil de bon sens: ne jamais faire ses courses quand on a faim et ne pas oublier de comparer les prix au kilo.
Réévaluer ses moyens de transport
Entre l’assurance, la taxe auto, l’essence, les services, les parkings et les réparations, une voiture coûte entre 10'000 et 15'000 CHF par année, selon les calculs du Touring Club Suisse. «Dès lors, revoir ses habitudes et opter pour les transports publics ou Mobility, si ses besoins le permettent, est une option à étudier. Cette analyse est souvent pertinente pour choisir de se passer de la seconde voiture dans un ménage.» Il est parfois judicieux de faire du covoiturage. Lorsqu’on a le choix sur l’horaire, choisir les billets CFF dégriffés.
Être au clair sur ses impôts
«Il faut être au clair sur toutes les déductions auxquelles sa situation donne droit. Un autre point clé est de systématiquement adapter ses acomptes lorsque sa situation financière change notablement, sans quoi on se retrouve parfois à devoir honorer des milliers de francs d’arriérés avec des intérêts.»
Analyser son assurance maladie
Chaque année, il faut analyser les nouvelles primes LAMal grâce à Priminfo, le calculateur de la Confédération, neutre et objectif. Et, si nécessaire, résilier sa police avant fin novembre pour en prendre une autre adaptée à sa situation du moment et projetée. Ainsi, il est important de choisir la bonne franchise et/ou de prévoir un maximum de rendez-vous de contrôle récurrents (vue, ouïe, dermatologie ou autre) dès que celle-ci a été dépassée et avant la fin de l’année.
Maîtriser ses autres assurances
«Il faut demander plusieurs offres et faire jouer la concurrence ou traquer les risques déjà assurés ailleurs (par exemple par sa carte bancaire) pour faire baisser les prix. Si on a plusieurs polices chez un même assureur, il faut réclamer un rabais fidélité.»
Simplifier les travaux
En cas de gros chantier dans son logement ou sur sa voiture, il faut demander et croiser trois devis détaillés gratuits. On sera alors parfois étonné de voir que les montants obtenus vont parfois du simple au triple! On pourra aussi certaines fois constater que l’on peut réaliser soi-même telle ou telle étape simple du processus.
Économiser l'énergie
Là encore, pour les propriétaires, une analyse approfondie et personnalisée est de mise (éventuellement via un certificat CECB, voire CECB+) pour vérifier s’il convient de diversifier ses sources d’énergie de chauffage, d’en changer ou si isoler davantage son logement est possible, sain et rentable. Ce sont là en effet des investissements conséquents qui doivent être mûrement réfléchis bien que faisant souvent l’objet de subventions. Au quotidien, il est bon de faire tourner ses machines à laver le linge et la vaisselle le soir, lorsque le coût de l’électricité est moindre ou d’installer des ampoules basse consommation et, dans les pièces où cela se justifie, des capteurs de mouvement pour gérer leur allumage. Évitez aussi bien évidemment de laisser des appareils en veille.
Essayer d'emprunter/de faire réparer et de revendre
«Certains objets, servant finalement peu souvent, peuvent s’emprunter dans des bibliothèques d’objets telle que La Manivelle à Lausanne.» On peut aussi acheter de seconde main ou simplement emprunter. Il est bon également de cultiver le réflexe réparation. Des repair cafés, souvent gratuits, tels que ceux de la FRC Vaud, parviennent souvent à remettre en état un objet que l’on croyait bon pour la poubelle. Au pire, on y dénichera un bon conseil pour rendre l’achat suivant plus économique et judicieux.
Il est bon également de faire régulièrement un tri dans ses objets afin de vendre, échanger ou donner ceux que l’on n’utilise pas. «Cela permet aussi de s’alléger, ce qui est un plus psychologiquement appréciable», conclut Ganimete Heseti.
En collaboration avec LargeNetwork