Conflit israélo-palestinien
L'EPFL reçoit une lettre dénonçant un «extrémisme potentiel» sur le campus

Face aux activistes propalestiniens, l'inquiétude monte dans certaines hautes-écoles romandes. La direction de l'EPFL vient de recevoir une lettre soulignant un «danger d'extrémisme potentiel», relève aujourd'hui «Le Matin Dimanche».
Publié: 12:30 heures
L'Université de Lausanne a déposé une plainte pour «barbouillages», tandis que la direction de l'EPFL a reçu un courrier de 30 pages expliquant le désarroi des employés et étudiants juifs ou israéliens.
Photo: Keystone
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Comment oublier «l'occupation pacifique de l'Université de Lausanne pour un boycott académique des institutions israéliennes et pour un cessez-le-feu en Palestine», organisée en mai dernier par un groupe d'étudiants? Blick avait couvert la manifestation, alors qu'une centaine de personnes s'étaient réunies sur place. 

Le 9 octobre 2024, date marquant une année de conflit, près de 200 manifestants propalestiniens s'étaient à nouveau rassemblés sur le campus lausannois, afin de critiquer les bombardements israéliens sur la bande de Gaza et, ainsi que le rappellent nos confrères de «24 Heures», dénoncer un non-respect des engagements annoncés par l'Unil et l'EPFL après l'occupation de mai. Suite au passage du cortège entre les deux établissements, des éclaboussures de peinture écarlate maculaient le sol, symbolisant «le sang sur les mains de l'institution». 

À l'EPFL, des étudiants et des employés «déstabilisés»

Depuis, les hautes-écoles lausannoises vivent dans un climat tendu. «Le Matin Dimanche» révèle en effet que la direction de l'EPFL vient de recevoir un long courrier intitulé «Extrémisme potentiel et enseignement tendancieux». En trente pages, le document signé par 80 personnes détaille entre autres le désarroi dans lequel se trouvent les étudiants et employés juifs ou israéliens, «déstabilisés» par la situation. 

Toujours d'après le journal dominical, la lettre déplore notamment l'agressivité de certains étudiants, le soutien de certains professeurs considérés comme «activistes» et la vision unilatérale du conflit israélo-palestinien véhiculée par ces mouvements de protestation estudiantins: «Les organisations dites propalestiniennes qui agissent actuellement sur le campus de l’EPFL ne sont pas propalestiniennes, mais plutôt anti-israéliennes», martèle le document. 

Interrogée par nos confrères, Kathryn Hess Bellwald, vice-présidente adjointe chargée des affaires étudiantes de l'EPFL, répond être «sensible à la position des auteurs de la lettre», ajoutant néanmoins que l'établissement a choisi de ne pas intervenir, puisque la manifestation a eu lieu en dehors du campus.

Une plainte déposée par l'UNIL

De son côté, l'Université de Lausanne a déposé une plainte pour «barbouillages», alors que certains recoins du campus de Dorigny se retrouvent tapissés de messages inscrits à la peinture rouge. Le «Matin Dimanche» fait spécifiquement état de graffitis accusant l'Unil d'être «complice du génocide de Gaza», alors qu'une liste d'employés liés à des écoles israéliennes circule dans les couloirs de l'établissement lausannois depuis quelques mois. L'Unil a fini par saisir la justice face à ce que «Le Temps» décrit comme une véritable «chasse aux sorcières». 

Le phénomène dépasse d'ailleurs les campus de l'Unil et de l'EPFL. Comme le rappelle l'ATS, les étudiants de l'UniGE et de l'EPFZ avaient rejoint le mouvement de protestation lausannois de mai 2024: «Depuis décembre 2023, ces activistes sont partout», souligne auprès du «Matin Dimanche» un enseignant de l'Université de Genève. 

Le site de Dorigny, a l'Unil, est désormais encadré par un dispositif de sécurité renforcé, tandis qu'un événement organisé par l'association étudiante judaïque Shalom de l'EPFL, fortement critiquée par des tracts, ont également bénéficié de mesures supplémentaires. 

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