Condamné à deux ans
Il est en prison depuis 24 ans pour des blessures, sortira-t-il aujourd'hui?

Marc Senn* est en prison depuis 24 ans. Pour un acte que le tribunal de l'époque aurait puni de deux ans d'emprisonnement. Mais l'accusé a été interné. Jeudi, de nouveaux juges décideront s'il peut retrouver la liberté.
Publié: 18.01.2024 à 08:03 heures
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Dernière mise à jour: 18.01.2024 à 08:42 heures
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Marc Senn* (42 ans) est en prison depuis près de 24 ans.
Photo: STEFAN BOHRER
Gina Krückl

Il est passé de 2 ans... à 24 ans d'emprisonnement: Marc Senn* a passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux. Depuis des années, il se bat pour sa liberté. Mais jusqu'à présent, il désespère des autorités. Jeudi, il comparaîtra à nouveau devant le tribunal – et pourrait être libéré.

Mais reprenons depuis le début: Marc Senn a 18 ans lorsqu'il attaque sa mère et son ami avec un couteau à viande et une fourchette à viande dans leur appartement commun à Köniz (BE). Il est ivre et sous l'influence de diverses drogues. Les deux victimes ne sont heureusement que légèrement blessées. Six mois plus tard, un tribunal bernois le condamne à 24 mois de prison pour, entre autres, tentative de lésions corporelles graves et infractions multiples à la loi sur les stupéfiants.

En prison depuis 24 ans

Au lieu de l'exécution de la peine, les juges ordonnent une thérapie résidentielle contre la drogue. Mais un an et demi plus tard, Marc Senn reçoit le diagnostic fatal de «trouble de la personnalité». Il est placé en internement, où il se trouve encore aujourd'hui.

Voici un petit résumé de ces 24 années d'emprisonnement: Marc Senn passe d'une prison à l'autre. En 2013, il dépose sa première demande de libération conditionnelle, c'est-à-dire de retour à la liberté sous condition de mise à l'épreuve. Des dizaines d'autres demandes suivent. Toutes sont rejetées. De même que les demandes de congé de détention. À chaque fois, le même motif: trop dangereux.

Des réponses attendues jeudi

En 2017, une expertise psychiatrique recommande pour la première fois une mesure d'internement pour Marc Senn. La différence avec la prison: les délinquants sont considérés comme pouvant être soignés. Ils peuvent donc potentiellement être libérés à l'avenir. Mais le tribunal ne suit la recommandation que six ans plus tard et l'ordonne à l'été 2023 pour une durée de quatre ans.

Jusqu'à présent, la mesure n'a pas été lancée. La raison n'est pas connue. L'avocat de Marc Senn, Julian Burkhalter, posera cette question jeudi. La Cour suprême bernoise se prononcera alors sur une nouvelle demande de libération conditionnelle.

L'issue du procès est totalement ouverte

Selon Julian Burkhalter, le jugement peut aller dans toutes les directions. «La Cour suprême peut maintenir la mesure, la raccourcir, la prolonger, exiger une autre mesure ou encore libérer mon client sous condition.» L'avocat espère bien sûr cette dernière solution. Car pour lui, il est clair que Marc Senn «n'est pas plus dangereux que vous et moi.»

Au cours de la première moitié de ses presque 24 ans de prison, Marc Senn a eu de temps en temps des accès de violence pour lesquels il a été discipliné ou transféré dans des sections de sécurité. En 2001, il a par exemple étranglé un codétenu. L'accusé dit s'être défendu contre les avances d'un délinquant sexuel condamné. Mais depuis dix ans, selon les documents du tribunal, les altercations verbales ne sont plus qu'occasionnelles. Pour l'avocat de la défense Julian Burkhalter, ces incidents sont dus au séjour en prison de Marc Senn.

«La durée de la détention est inhumaine»

Le déroulement de l'exécution est scandaleux, selon Julian Burkhalter. «La durée de la détention est inhumaine.» Surtout si on la compare à la peine maximale prononcée en Suisse: un meurtrier condamné à perpétuité peut par exemple être libéré après 15 ans déjà. «Si Marc Senn avait tué quelqu'un, il serait déjà libre depuis longtemps.»

Il reste néanmoins sceptique en ce qui concerne le procès. «La Cour suprême bernoise est connue pour préférer fixer des peines trop élevées plutôt que trop légères.» Si Julian Burkhalter parvient malgré tout à obtenir une libération conditionnelle, il souhaite encore autre chose pour son client: «Il serait temps que la justice suisse lui présente des excuses.»

*Nom modifié

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