«Comparable au salut hitlérien»
Des Freiheitstrychler scandent un cri fasciste à la manif pour la paix à Berne

Une manifestation pour la paix a eu lieu samedi à Berne. Jusqu'à ce que des Freiheitstrychler crient à tue-tête «Harus!», un cri de guerre fasciste. Dans le contexte actuel, ce slogan exprime de la sympathie pour le national-socialisme, expliquent les experts.
Publié: 14.03.2023 à 18:32 heures
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La Place fédérale à Berne était bien remplie le samedi 11 mars.
Photo: keystone-sda.ch
Jenny Wagner

Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi devant le Palais fédéral à Berne pour manifester contre la guerre en Ukraine. Des drapeaux suisses et arc-en-ciel ont été brandis, la fin de la guerre a été réclamée et des cloches ont sonné. Toute personne favorable à la paix était la bienvenue, a expliqué le mouvement Mass Voll, organisateur de la manifestation autorisée.

Le chef l'organisation, Nicolas Rimoldi, et le conseiller national UDC Andreas Glarner sont également montés sur scène lors de la manifestation pour la paix.

«Ni de droite, ni de gauche», tel était l'idéal souhaité. Mais la réalité était tout autre: des vidéos ont immortalisé comment des Freiheitstrychler – des sonneurs de cloches qui avaient défrayé la chronique lors de la crise du coronavirus en s'opposant aux mesures Covid en Suisse – ont scandé le cri de guerre «Harus!». Pour l'historien Martin Lengwiler de l'Université de Bâle, il s'agit clairement d'un acte d'extrême droite. «Il est comparable au salut hitlérien», dit-il à Blick.

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Sympathisants nazis

«Le mouvement frontiste était un mouvement de tendance nationale-socialiste dans les années 1930 en Suisse», explique Martin Lengwiler, pour décrire l'origine du cri. Selon lui, les partisans ont été partiellement interdits par les autorités de l'époque, parce qu'ils sympathisaient avec les Nazis en Allemagne.

«Le cri 'Harus' est souvent combiné avec le salut du Führer, c'est-à-dire en levant la main droite», explique également Jakob Tanner, historien de l'histoire suisse à l'université de Zurich. Il s'agit du principal slogan de ralliement du «mouvement frontiste qui s'est formé en Suisse à partir de 1930 et qui a pris un essor considérable après la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne, fin janvier 1933».

La signification a changé

Les Freiheitstrychler se positionnent-ils ainsi ouvertement à l'extrême droite? Les questions posées par Blick aux Freiheitstrychler et à leur fondateur, Andy Benz, sont restées sans réponse. Mass Voll tolère le Harus. Nicolas Rimoldi réfute tout reproche. «'Harus' était le cri de guerre de l'ancienne Confédération», souligne-t-il auprès de Blick. Les experts consultés, eux, ne sont pas de cet avis.

«Ce cri nous est bien parvenu du début des temps modernes, mais il a été chargé d'une nouvelle signification antidémocratique et glorifiant la violence dans le contexte national-socialiste et fasciste des années 1930», surenchérit Jakob Tanner. Selon lui, celui qui crie aujourd'hui «Harus» montre sa sympathie pour l'extrême droite.

«Certains sont d'extrême droite»

«Certains dans le groupe sont d'extrême droite et représentent un danger pour la société», avait ainsi averti il y a un an dans Blick Roland Schätti, ancien membre et figure de proue des Freiheitstrychler.

Le «Harus» scandé lors de la manifestation pour la paix de samedi n'a toutefois pas de conséquences pour les Freichteitstrychler. Nicolas Rimoldi considère la manifestation comme un «succès total». Sur Twitter, il prend leur défense, et écrit: «Parce qu'ils ne trouvent pas d'arguments de fond contre les discours, les orateurs, les drapeaux Z, le Junge Tat ou quoi que ce soit d'autre, les bellicistes se fatiguent sur les Freiheitstrychler.»

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