Le groupe des Femmes socialistes suisses monte au front. Leur colère est dirigée contre le groupe d’assurance Helsana. Elles attaquent la compagnie dans une lettre ouverte et par le biais d’une collecte de signatures. Helsana doit cesser «toute collaboration» avec l’organisation anti-avortement Pro Life, et ce immédiatement, exigent-elles.
Les socialistes font référence à une enquête de Swissinfo.ch. Selon celle-ci, les membres de l’association Pro Life bénéficieraient de réductions de 10% sur les primes d’une assurance complémentaire d’Helsana, mais uniquement si elles signent une charte de renonciation à l’avortement.
Sans validité sur le plan juridique
La conseillère nationale bernoise et coprésidente des Femmes socialistes suisses, Tamara Funiciello, dénonce avec véhémence l’action du groupe d’assurance sur Twitter: «Des primes d’assurance maladie moins chères si l’on s’engage à renoncer à l’avortement? WTF (ndlr: 'What the fuck', en français, 'C’est quoi ce bordel').»
«Le droit à l’avortement est un droit fondamental pour lequel des générations de femmes se sont battues et continuent de se battre en Suisse et dans le monde entier, critique la section du PS dans sa lettre ouverte. Par votre collaboration avec Pro Life, vous soutenez un mouvement qui s’attaque directement à ce droit fondamental et donc à la santé physique et psychique des femmes.»
Sur le plan juridique, ladite charte n’est pas admissible, car une interruption de grossesse doit être légalement prise en charge par l’assurance obligatoire des soins.
«Nous n’excluons personne»
«Nous regrettons que les partisans de l’avortement se sentent attaqués», soutient un porte-parole d’Helsana. Il avance toutefois qu’Helsana ne prétend pas juger des opinions de ses assurés. «Ce sont des décisions personnelles que nous respectons, mais qui ne nous concernent pas.»
Helsana et Pro Life n’ont conclu qu'«un contrat collectif conforme aux usages de la branche». Les rabais sur les assurances complémentaires sont courants dans de tels cas, a-t-il ajouté. «Ces rabais n’ont toutefois rien à voir avec les orientations, les statuts, etc. respectifs des organisations», poursuit le communiqué. Helsana n’a aucune influence sur les statuts des associations et autres fédérations avec lesquelles des contrats sont conclus.
Le thème de l’avortement est un débat de société «qui n'exige pas de réponses politiques de notre part en tant que caisse maladie», conclut Helsana. Cette pirouette ne semble pas suffire aux Femmes socialistes suisses.