Cinq à dix milliards de tonnes chaque année
Il existe un gros potentiel de stockage du CO2 dans le béton

Des scientifiques de l'Empa attestent de l'énorme potentiel du béton en tant que réservoir de carbone. Selon leur étude, cinq à dix milliards de tonnes de carbone pourraient être stockées chaque année comme granulats dans le béton.
Publié: 20.01.2025 à 12:46 heures
Pour cette étude, les auteurs ont comparé la masse des matériaux utilisés dans le monde entier, tels que le béton ou l'asphalte, avec la quantité de carbone qui doit être extraite de l'atmosphère. (Image symbolique)
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ATS Agence télégraphique suisse

Cela suffirait à stocker durablement le CO2 excédentaire actuellement présent dans l'atmosphère en l'espace d'une centaine d'années, a indiqué lundi le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) dans un communiqué.

En effet, pour ramener la concentration de CO2 au niveau visé de 1988, il faut éliminer de l'atmosphère 400 milliards de tonnes de carbone, selon les estimations. D'ici le milieu du siècle prochain, ce carbone excédentaire pourrait donc être stocké dans des matériaux de construction comme le béton, selon ces travaux publiés dans la revue Resources, Conservation and Recycling.

Pour cette étude, les auteurs ont comparé la masse des matériaux utilisés dans le monde entier, tels que le béton, l'asphalte ou les plastiques, avec la quantité de carbone qui doit être extraite de l'atmosphère. Les calculs se basent toutefois sur l'hypothèse qu'après 2050, il y aura suffisamment d'énergie renouvelable pour extraire le CO2 de l'atmosphère, car le procédé proposé par les scientifiques est très gourmand en énergie.

Nouveau modèle économique

L'étude fait partie de l'initiative de recherche «Mining the Atmosphere», dont l'objectif est de créer un modèle économique mondial entièrement nouveau et un secteur industriel correspondant qui utilise le CO2 comme matière première du futur. Pour ce faire, le CO2 est d'abord transformé en substances chimiques de base telles que le méthane ou le méthanol, qui sont ensuite eux-mêmes transformés en polymères, en hydrogène ou en carbone solide. L'idée étant de remplacer les produits traditionnels fabriqués jusqu'à présent à partir de pétrole ou de gaz naturel.

«La masse de matériaux de construction nécessaire dans le monde dépasse de loin l'excédent de carbone dans l'atmosphère. Cependant, la question de savoir comment incorporer rapidement et efficacement le carbone dans ces matériaux sans détériorer leurs propriétés reste un défi», note Pietro Lura, directeur du département Béton et asphalte de l'Empa, cité dans le communiqué.

Selon les auteurs, la mise en œuvre nécessitera de nouveaux progrès dans la recherche sur les matériaux et le développement des processus, notamment pour utiliser de manière optimale les énergies renouvelables produites de manière décentralisée et fluctuante. En outre, il est nécessaire de se concentrer sur de nouveaux modèles commerciaux, des incitations économiques et des conditions-cadres appropriées pour qu'une société captant le CO2 devienne une réalité.

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