Le taux de chômage – 2,2% – est au plus bas depuis 20 ans, et de nombreux postes sont vacants. La recherche d’emploi est plus facile que jamais. Mais cela a une conséquence paradoxale: les travailleurs les plus âgés sont licenciés sans ménagement lors de réorganisations.
Jusqu’à présent, licencier les plus de 50 ans, c’était risquer de faire la une des journaux et de nuire à la réputation de l’entreprise. Mais cela semble de moins en moins déranger les patrons en Suisse.
Une évaluation montre que le taux de licenciement de cette tranche d’âge est significativement plus élevé que pour les autres groupes d’âge. Pascal Scheiwiller est CEO de l’agence de placement Von-Rundstedt. Selon lui, «les nombreux postes vacants font que les employeurs ne se soucient plus pour les personnes concernées».
Sur la pénurie de personnel qualifié en Suisse
«J’ai postulé 250 fois»
Mais les personnes concernées ne voient pas cela du même œil. C’est le cas de Thomas Liedtke, 59 ans, directeur des ressources humaines à Erlenbach (ZH). «J’ai déjà postulé 200 à 250 fois.» En vain, explique-t-il à Blick.
Le presque soixantenaire ne perd toutefois pas espoir: «De telles situations font tout simplement partie de la vie aujourd’hui.» Thomas Liedtke a également envoyé sa candidature pour un poste d’enseignant. «On m’a dit qu’on en avait besoin (ndlr: à la rentrée d’août 2022, une pénurie d’enseignants primaire prenait de l’ampleur.)» L’homme pourrait aussi s’imaginer travailler dans le secteur de la santé, qui manque également de personnel.
Actuellement, Thomas Liedtke travaille à 60% dans un service de sécurité. «Bien sûr, je suis parfois démotivé, raconte-t-il. Mais je ne me laisse pas abattre!»
Guillotine de l’âge vers le haut
Selon l’étude de Von-Rundstedt, 39% de tous les licenciements concernent des personnes de plus de 50 ans. L’année précédente, ce taux était encore de 31%. «En termes relatifs, on congédie davantage cette tranche d’âge», conclut Pascal Scheiwiller. La preuve que la guillotine de l’âge est toujours une réalité, même si elle se déplace vers le haut.
La bonne nouvelle? Les travailleurs âgés retrouvent plus facilement un nouvel emploi grâce à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Selon l’évaluation, les plus de 50 ans chercheraient actuellement un nouvel emploi pendant 6,1 mois. Il y a deux ans encore, leur recherche d’emploi durait en moyenne 8,3 mois.
Une vague de licenciements?
Mais cela ne masque pas le fait que les travailleurs âgés ont toujours nettement plus de mal que les jeunes à trouver un nouvel emploi. Tous groupes d’âge confondus, la recherche d’un travail durerait 5,2 mois.
Toutefois, si l’on considère l’évaluation de manière plus détaillée, un changement de tendance se dessine: au deuxième semestre 2022, von Rundstedt a enregistré davantage de projets de suppressions de postes et de restructurations. «Il y aura à nouveau une vague de licenciements dans un avenir proche», pronostique Pascal Scheiwiller.
Cela est dû aux sombres perspectives économiques. Il ne faut toutefois pas s’attendre à une forte hausse du chômage, loin de là, mais plutôt à une normalisation du marché du travail.