Chiffré à 5 milliards de francs
Le National refuse un plan de soutien à Kiev

Le National a refusé jeudi par 105 voix contre 86 un plan de soutien de 5 milliards de francs à l'Ukraine pour les 5 à 10 prochaines années. La droite s'y est notamment opposée.
Publié: 08.06.2023 à 10:53 heures
Le texte de la motion estime que l’Ukraine a besoin d’un soutien financier important, notamment pour l’aide humanitaire, la protection de la population civile, le déminage, la promotion de la paix et la reconstruction des infrastructures civiles.
Photo: Dnipropetrovsk Regional State Ad

C'est un non. Par 105 voix contre 86, le Conseil national a refusé ce jeudi un plan de soutien de 5 milliards de francs à l'Ukraine pour les 5 à 10 prochaines années.

Cette décision tombe à une semaine de l'allocution prévue du président ukrainien Volodymyr Zelensky devant le Parlement suisse. Elle intervient aussi alors que le Conseil des Etats a confirmé mercredi sa position autorisant les pays acheteurs de matériel de guerre suisse à le réexporter sous conditions dans des pays impliqués dans des conflits armés.

«Le Conseil fédéral a déjà ficelé trois paquets de soutien pour la population ukrainienne, sans compter l’accueil des réfugiés. La guerre étant toujours en cours, nous ne pouvons pas encore dire quels seront les besoins pour la reconstruction», a argumenté le conseiller fédéral Ignazio Cassis contre la motion.

L'UDC s'est elle inquiétée de savoir d'où viendrait l'argent et si d'autres secteurs, comme par exemple l'agriculture, n'allaient pas en pâtir.

«Le Conseil fédéral a d'ores et déjà prévu de réserver environ 1,5 milliard de francs en faveur de l'Ukraine et sa région pour 2025-2028. Avec quelque 300 millions prévus pour les années 2023-2024, l'aide atteint environ 1,8 milliard de plus ces six prochaines années», a souligné Ignazio Cassis. La Suisse fournit ainsi déjà selon lui un apport substantiel à l'Ukraine.

Conférence prévue à Londres

«Dans deux semaines aura lieu à Londres la 2e conférence pour la reconstruction de l'Ukraine après celle de Lugano, qui sera focalisée sur le rôle du secteur privé», a ajouté le chef de la diplomatie. «J'y serai».

Au niveau suisse, un groupe interdépartemental étudie actuellement les conditions cadre légales, les options de financement, les modalités de la participation de la Confédération à la reconstruction ainsi que la participation du secteur privé. «Il donnera ses conclusions avant les vacances d'été. Le Conseil fédéral présentera une proposition sur la base de ces résultats. Il s'agira de milliards», a indiqué Ignazio Cassis.

La Suisse en queue de classement

«Ne pas fournir d’armes ne doit pas nous dispenser de fournir notre effort de solidarité au soutien de l’Ukraine», a tenté de contrer Nicolas Walder (GE/Verts) pour la commission. «Or, en consacrant 0,22% du PIB à l'aide à ce pays, la Suisse est en queue de classement derrière presque tous les pays européens. L’Autriche ou la Norvège en font bien plus par rapport à leur force économique. Même la Pologne y consacre 3,1% de son PIB», a-t-il ajouté, en vain.

La majorité de la commission du National à l'origine de la motion estimait que l’Ukraine a d'ores et déjà besoin d’un soutien financier important, notamment pour l’aide humanitaire, la protection de la population civile, le déminage, la promotion de la paix et la reconstruction des infrastructures civiles.

Selon elle, une base légale devait être créée dès maintenant pour ce programme de soutien, afin d'en régler les conditions-cadres. L'engagement pluriannuel visait à donner à l'Ukraine une plus grande sécurité quant à la couverture de ses besoins dans les années à venir. Toutes ces propositions ont été rejetées.

(ATS)

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