Juliette Bülowius ne comprend plus rien. Le 8 novembre, la restauratrice devait ouvrir à Berne son restaurant, «Le Supernova», avec au menu: un bar et un club social, le tout idéalement situé entre la gare et le Palais fédéral. La jeune restauratrice avait loué quatre étages pour son concept et tout avait été méticuleusement préparé au cours des derniers mois. Mais le 1er novembre, c'est le choc.
Ce matin-là, elle reçoit un e-mail d'un enquêteur de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (la Finma), raconte-t-elle à Blick. «Le mail disait que nous n'avions plus le droit d'utiliser le bâtiment et que je devais rendre la clé.» Lorsqu'elle arrive au restaurant, un délégué de la Finma est déjà sur place.
Juliette Bülowius refuse d'abord de lui remettre la clé. Mais le représentant l'aurait menacée de représailles judiciaires. Elle finit par céder. Le portail en ligne Tippinpoint a été le premier à rapporter l'affaire.
Dix emplois sont en jeu
La grande fête d'ouverture de son établissement est alors tombée à l'eau. Avec de graves conséquences pour la jeune restauratrice. «Une collaboratrice a fait une dépression nerveuse sur place et dix emplois sont maintenant en jeu.» Trois collaboratrices arrivant de l'étranger étaient déjà en route. Elle a dû annuler la venue de tous ses partenaires. «Je n'arrive toujours pas à croire ce qui s'est passé. Je perds chaque jour des sommes folles», déclare la jeune restauratrice, désespérée.
Pendant longtemps, elle n'a pas compris pourquoi la Finma la prenait pour cible. Et aujourd'hui, même avec des informations supplémentaires, elle ne comprend pas vraiment. Juliette Bülowius savait que la Finma avait ouvert une procédure contre ses bailleurs, la société Moonshot d'Alexander et Madeleine Hübner, à laquelle sont liées une série d'autres entreprises.
«Aucun lien avec ces entreprises»
C'est avec l'une de ces entreprises que la jeune restauratrice a conclu son contrat de location. Elle aurait fait la connaissance du couple d'entrepreneurs par le biais de son service de restauration à Zurich. «Je loue ces quatre étages, mais je n'ai aucun autre lien avec ces entreprises», explique-t-elle.
Mais à la Finma, il semblerait que l'on soupçonne d'autres liens commerciaux, selon Juliette Bülowius. «Le chargé de l'enquête m'a écrit lundi dans un mail qu'il partait du principe qu'il ne s'agissait que d'un contrat fictif. Je n'ai aucune idée de ce qui lui fait penser cela et de ce qu'il pense que nous voulons faire dans ce local.»
Ce que dit la Finma
En règle générale, la Finma ne révèle aucune information sur les procédures en cours. Une telle procédure est toutefois toujours précédée de clarifications «lorsque des indices concrets d'une activité illicite apparaissent», indique la Finma par écrit. C'est le cas lorsqu'une entreprise propose des services financiers sans les autorisations nécessaires. «En outre, la Finma prend les mesures qui s'imposent lorsqu'il y a de forts soupçons que des démarches prudentielles ne soient pas respectées.»
Parmi ces mesures figure la mise en place d'un chargé d'enquête, comme dans la procédure en cours. Celui-ci est habilité à prendre des décisions pour une société, il peut donc également disposer de ses biens immobiliers afin de protéger les créanciers ou les investisseurs. Moonshot se définit comme un réseau d'investisseurs pour les particuliers fortunés. Par le biais d'autres sociétés, elle propose des appartements de luxe gérés qui promettent également des rendements élevés aux investisseurs. Aucune de ces sociétés ne dispose d'une autorisation de la Finma.
Le rêve de Juliette Bülowius dans le centre-ville de Berne risque-t-il de s'effondrer? Devenir un dommage collatéral de l'enquête? La Finma et le chargé d'enquête ne s'expriment pas à ce sujet. La jeune restauratrice ne veut pas abandonner et a par ailleurs réclamé la clé par l'intermédiaire de son avocat. Affaire à suivre.