La conseillère fédérale Viola Amherd se retire et il est temps de lui trouver un successeur. L'élection du nouveau membre du Conseil fédéral aura lieu ce mercredi 12 mars. Le septième membre – ou la septième si une femme venait brûler la politesse aux deux candidats officiels – ne sera pas élu par le peuple, mais par nos représentants: l'Assemblée fédérale. Blick vous explique en 7 étapes comment notre Parlement va s'y prendre pour élire notre nouveau conseiller fédéral.
Situation initiale
L'actuelle conseillère fédérale Viola Amherd est membre du parti Le Centre. Son successeur doit donc être issu du même parti, c'est du moins ce qu'exigent les règles (non-écrites) qui sont suivies sous la Coupole fédérale. C'est la fameuse formule magique.
La formule magique permet de définir quel parti peut accéder au Conseil fédéral et – le cas échant – combien de représentants ledit parti peut avoir au gouvernement. La règle est la suivante: les trois partis les plus forts au Parlement obtiennent chacun deux sièges, le quatrième parti en obtient encore un. Aujourd'hui, le Centre dispose d'un siège au Conseil fédéral, et il n'est pas contesté. Le parti, qui pèse aujourd'hui presque aussi lourd que le PLR, vise même un deuxième siège à moyen terme.
Candidats
En principe, tous les Suisses majeurs ayant le droit de vote sont éligibles lors des élections au Conseil fédéral. Il est toutefois d'usage que le parti concerné présente plusieurs candidatures, ce qu'on appelle un «ticket». Cette année, Le Centre a eu du mal à trouver des candidates et des candidats qui souhaitaient se présenter. Pendant un moment, on a même redouté que le parti présente un ticket pourvu d'un seul nom.
Le président du Centre, Gerhard Pfister, a par exemple renoncé de manière inattendue à se présenter. De nombreuses femmes qui auraient pu proposer leur candidature ont également refusé l'offre. Le ticket du Centre ne compte donc que deux candidats: Markus Ritter et Martin Pfister. Mais ces derniers ne sont qu'une recommandation de vote, puisque théoriquement, aucun élu n'est tenu de choisir l'un de ces deux candidats lors de l'élection. Des surprises sont donc possibles, même si elles sont peu probables.
Electeurs
Pour l'élection, l'Assemblée fédérale, c'est-à-dire le Conseil national et le Conseil des Etats, se réunit dans la salle du Conseil national. Cela représente un total de 246 représentants, eux-mêmes élus par le peuple et les Cantons. Peu avant les élections, les chefs de groupe respectifs annoncent généralement la recommandation de vote de leur parti. Les élections restent toutefois secrètes.
Procédure électorale
Une personne est élue si son nom figure sur plus de la moitié des bulletins valables (majorité absolue). Les bulletins blancs et nuls ne sont pas comptabilisés. Si cela n'a pas lieu au premier tour, on procède à autant de tours de scrutin que nécessaire pour qu'une personne obtienne la majorité absolue.
Après chaque tour de scrutin, les bulletins de vote sont collectés et comptés. Afin d'éviter les fraudes électorales, les bulletins de vote changent de couleur à chaque tour. Pour éviter que le Parlement ne reste bloqué pendant des jours dans la salle du Conseil national pour désigner le nouveau conseiller fédéral, des candidats sont éliminés au fur et à mesure des tours.
Lors des deux premiers tours de scrutin, le choix est encore libre. Mais celui qui a obtenu moins de dix voix après les deux tours est éliminé. A partir du troisième tour, il n'est plus possible d'élire de nouvelles personnes. Le cercle des candidats qui ont obtenu des voix jusqu'à ce moment-là reste donc le même pour les tours suivants. À partir du troisième tour, la personne qui a obtenu le moins de voix est toujours éliminée.
«Oui, je le veux»
Lorsqu'un candidat a obtenu la majorité absolue de l'Assemblée fédérale réunie, l'étape la plus importante sur la voie du Conseil fédéral est franchie. Pour être officiellement élu, il faut toutefois que le vainqueur accepte son élection. D'ailleurs, si Martin Pfister, par exemple, était élu, il faudrait d'abord attendre son arrivée dans la salle du Conseil national: comme il n'est pas membre du Conseil national ou du Conseil des Etats, il ne sera pas présent dans la salle durant l'élection.
«Je le jure!»
La confirmation officielle de l'élection est immédiatement suivie la prestation de serment. A ce moment-là, soit le candidat prête serment, soit il fait une promesse. Et oui, il y a une différence! Dans le cas du serment, on jure devant Dieu de respecter la Constitution et les lois et de remplir les devoirs de sa fonction. Pendant une promesse, on fait plus ou moins la même chose, sauf qu'on ne se réfère pas à Dieu. La tradition veut aussi que l'on tende trois doigts en l'air lors du serment. Lors de la promesse, en revanche, on pose la main sur son cœur.
Et ensuite?
Le jour de l'élection, l'agenda du membre du Conseil fédéral nouvellement est copieusement garni. Des entretiens avec la presse sont prévus, y compris une conférence de presse. Des photos du nouveau Conseil fédéral doivent également être prises dans le Salon de la présidence du Palais fédéral.
Après son élection, le conseiller fédéral élu n'aura droit qu'à qu'une courte période de répit. En effet, Viola Amherd quittera ses fonctions à la fin du mois de mars. Il ne restera donc que quelques semaines à son successeur pour se familiariser avec son rôle avant son entrée en fonction.
Etant donné que Viola Amherd dirigeait le Département de la défense, de la protection civile et des sports (DDPS) et que le Conseil fédéral a récemment connu quelques rocades, il est fort probable que le nouveau conseiller fédéral reprenne ce département. Une fois élu, il s'agira donc pour lui de prendre connaissance des dossiers, de nouer des contacts et de se préparer au mieux à prendre ses nouvelles fonctions.