Un nouveau chapitre doit s'ouvrir dans les relations entre la Suisse et l'UE. Pour beaucoup, les Bilatérales III constituent une chance à saisir. Blick a demandé l'avis de trois responsables d'entreprise dans le pays. Pour eux, poursuivre un dialogue de qualité avec l'Europe est primordial.
A lire sur les bilatérales
Yannick Berner, membre de la direction d'Urma
«Nous ne pourrions pas survivre uniquement avec le marché suisse», déclare Yannick Berner. L'Argovien siège à la direction et au Conseil d'administration de l'outilleur Urma. L'entreprise produit des outils de perçage et d'alésage de précision qui sont à 90% exportés, majoritairement vers l'UE. Pour lui, il est donc clair que «nous avons besoin d'un accès au marché intérieur européen aussi libre d'obstacles que possible». Mais il s'agit de bien plus qu'un grand marché de vente. «Je n'ose même pas imaginer ce que serait la situation sans les Bilatérales, la lutte pour les contingents de main-d'œuvre étrangère recommencerait», indique-t-il. L'Argovien estime que les Bilatérales ne sont pas une voie à sens unique, de nombreux jeunes Suisses ont également profité du vaste marché européen de l'emploi et de la formation.
Yannick Berner assure ne pas souhaiter que la Suisse fasse partie de l'UE, mais il est pour autant impossible d'aller à l'encontre d'un nouvel approfondissement des relations avec l'Europe. C'est pourquoi les Bilatérales III sont nécessaires d'après lui. Ne serait-ce que pour éviter la délocalisation des emplois et une diminution de la puissance économique.
Eva Jaisli, CEO de PB Swiss Tools
Plutôt qu'un message politique, la première phrase d'Eva Jaisli, CEO de PB Swiss Tools, est culturelle et géographique: «Devant moi, je vois la chaîne du Jura, derrière, il y a la France», dit-elle simplement. L'Europe est si proche et d'une importance capitale pour l'entreprise familiale de l'Emmental, vieille de 145 ans. «L'économie a besoin de conditions-cadres réglementées pour que nous puissions montrer notre force concurrentielle dans toute l'Europe», développe la CEO. PB Swiss Tools produit des tournevis, des outils et des instruments médicaux qui doivent répondre aux plus hautes exigences sur les chantiers comme dans les hôpitaux.
Eva Jaisli met en garde contre le risque d'une détérioration des relations avec l'UE si les Bilatérales III ne sont pas appliquées: «La perte serait immense. Notamment pour l'industrie d'exportation, qui contribue largement à la prospérité de la Suisse.» PB Swiss Tools est en concurrence avec des groupes européens qui peuvent recourir à des ressources de recherche spécialisées dans le design ou les matériaux. Eva Jaisli est convaincue qu'il faut des règles du jeu équitables. «Il ne s'agit pas de remettre en question les droits démocratiques fondamentaux. Mais nous avons besoin de processus allégés, efficaces et viables dans nos relations économiques avec l'UE.»
Caroline Forster, co-CEO du groupe Forster
«Les gens sont notre ressource la plus importante», déclare Caroline Forster, qui dirige avec son frère le groupe Forster à Saint-Gall. L'entreprise de broderie a su faire entrer une technique ancestrale dans la modernité. «Nous travaillons dans un secteur où les rares spécialistes sont répartis dans toute l'Europe.» C'est pourquoi le groupe Forster, comme tant d'autres entreprises en Suisse, est tributaire de la main-d'œuvre spécialisée de l'étranger. Caroline Forster est donc très heureuse qu'en tant qu'entrepreneuse, elle puisse profiter de la libre circulation des personnes grâce aux accords bilatéraux.
Pour elle, qui est également engagée en politique, il s'agit de bien plus que de questions économiques: «L'Europe est pour moi une affaire de cœur.» C'est pourquoi elle s'engage aussi dans la campagne de votation. «Je pars personnellement du principe que les avantages des Bilatérales III l'emporteront clairement, et que la population le verra aussi ainsi.»