«Ce n'est juste pas possible!»
Une retraitée suisse recevant des prestations complémentaires doit quand même payer des impôts

Rita Ellenberger a travaillé dur toute sa vie. Aujourd'hui retraitée, elle vit avec la modique somme d'environ 2900 francs par mois – et perçoit des prestations complémentaires. Néanmoins, elle se retrouve à devoir payer l'équivalent de 350 francs par mois d'impôts.
Publié: 04.05.2022 à 06:46 heures
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Dernière mise à jour: 04.05.2022 à 10:30 heures
Le revenu de Rita Ellenberger est si maigre que sa caisse maladie est payée par les prestations complémentaires.
Photo: DR
Luisa Ita

Rita Ellenberger ouvre le réfrigérateur. Dans celui-ci, pas de viande – c'est trop cher. Cette Bernoise doit compter chaque centime. Et le renchérissement généralisé de la vie ne fait qu'exacerber son sentiment d'amertume: «Cela m'inquiète beaucoup», souffle-t-elle.

Et elle n'est pas la seule senior inquiète en Suisse. Brigitte et Emil Reuss, qui habitent à Zurich, doivent eux aussi se serrer la ceinture. Le Suisse s'est confié à Blick: «C'est assez absurde... J'ai travaillé des dizaines d'années, pour finalement ne pas être en mesure de profiter de la vie».

Impôts salés malgré les prestations complémentaires

Selon les estimations de Pro Senectute, environ 20% des seniors de plus de 65 ans sont près du seuil de pauvreté dans notre pays. «Cette proportion augmente avec l'âge, par exemple parce que les économies sont épuisées», explique la porte-parole Tatjana Kistler. «Environ 30% des personnes de plus de 75 ans sont menacées de pauvreté».

Dans le cas de Rita Ellenberger, le revenu est même si maigre que sa caisse maladie est payée par les prestations complémentaires (PC). Elle dispose de 2879,05 francs par mois, dont 1256 francs pour le loyer. Avec le reste de l'argent, elle doit vivre et payer 350 francs d'impôts.

Un montant de 1200 francs ne suffit plus pour vivre

«Ce n'est juste pas possible!», s'indigne la retraitée, qui a travaillé à l'administration fiscale bernoise de 2007 jusqu'à sa retraite en 2018. «Je reçois de l'argent d'un organe de l'État, et je dois verser presque le même montant à un autre organe du même État».

Elle ajoute en secouant la tête: «Tout cela est légal, je le sais. Mais là, les politiques doivent faire quelque chose!» Plus généralement, le montant du minimum vital de 1200 francs n'est plus d'actualité. «Je ne peux pas me permettre de prendre des vacances, manger une pizza à l'extérieur est une rareté. Je ne veux pas me plaindre, mais ce calcul n'est plus d'actualité».

Le canton de Berne applique un régime dur

Interrogée à ce sujet, l'administration fiscale bernoise renvoie à une réponse du Conseil de l'exécutif à une interpellation. L'on peut y lire : «Les personnes bénéficiant de prestations complémentaires doivent déjà payer des impôts nettement moins élevés que les personnes ayant d'autres revenus et se trouvant dans la même situation économique (ceux qu'on appelle les 'working poor')». Une exonération fiscale renforcerait encore ce traitement de faveur.

Pro Senectute est consciente de cette problématique - elle est déjà intervenue à plusieurs reprises, écrit l'institution dans une prise de position: «C'est un devoir pour nous de continuer à nous engager pour les seniors à cet égard».

Le régime du canton de Berne est particulièrement strict: «Certains cantons disposent d'un processus simple de remise d'impôts. Par exemple Nidwald, Uri, Soleure, Lucerne... Là-bas, l'on semble aussi être un peu plus généreux en matière de remise d'impôts, pas seulement pour les bénéficiaires de PC, mais en général».

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

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