Ça ne fait pas l'unanimité
Une église suisse permet d'échanger avec Jésus grâce à l'IA

Une église à Lucerne innove avec un hologramme de Jésus alimenté par l'IA. L'installation nommée «Deus in Machina» répond aux questions des visiteurs en temps réel dans 100 langues, suscitant des réactions mitigées parmi les fidèles.
Publié: 06:50 heures
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Dernière mise à jour: 08:21 heures
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

La chapelle Saint-Pierre est une des plus anciennes églises de Lucerne et pourtant niveau technologique, elle est à la pointe. Elle a installé dans son confessionnal, un hologramme de Jésus aux cheveux longs diffusé à travers un écran grillagé. Les visiteurs peuvent lui poser toutes sortes de questions auxquelles le Christ répondra en temps réel. 

Créée grâce à l'intelligence artificielle, l'œuvre «Deus in Machina» est capable d'échanger dans une centaine de langues rapporte le «Guardian», repris par «Le Figaro», mardi 26 novembre. Installée depuis le mois d'août dans la petite église située sur les berges de la Reuss, l'invention ne fait pas l'unanimité auprès des croyants. Si certains semblent satisfaits, d'autres crient au scandale. 

Nouveau Testament et IA

Mais alors d'où est venue l'idée de créer ce Jésus virtuel? Marco Schmid, théologien à la chapelle Saint-Pierre explique au quotidien britannique: «Nous voulions voir et comprendre comment les gens réagissent à une intelligence artificielle de Jésus. De quoi parlent-ils avec lui? Y aurait-il un intérêt à lui parler?» L'hologramme n’est pas destiné aux confessions, mais plutôt aux échanges sur la spiritualité.

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Pour pouvoir répondre aux questions des croyants, «Deus in Machina» a été entraîné par des informations et des théologiens de la Haute école des sciences appliquées et des arts de Lucerne, souligne BFMTV. Ces derniers ont programmé le robot à partir du Nouveau Testament et aussi d'indications religieuses trouvées en ligne. 

«Elle m'a donné tellement de conseils»

Plus de 1000 personnes ont déjà échangé avec l'avatar. Lorsqu'on demande par exemple pourquoi les femmes ne sont pas autorisées à servir en tant que prêtres dans l’Église catholique, le robot répond: «Les Ecritures enseignent que certains rôles sont définis au sein de l’Eglise, que chaque rôle et chaque tâche a sa place dans le plan de Dieu.»

«J’ai été surpris. C’était si facile, et bien que ce soit une machine, elle m’a donné tellement de conseils», s'étonne un fidèle auprès de la Deutsche Welle, le service public allemand. Un autre se souvient s'être renseigné sur la façon de briser la spirale de la violence. Réponse du Jésus virtuel: «Par la prière et non par la recherche de la rétribution.»

Des menaces anonymes

La plupart des utilisateurs sont satisfaits de leur interaction avec ce Jésus 2.0. D'autres encore ont quand même du mal à passer au-dessus du fait qu'ils s'adressent à une machine, lui reprochant des réponses trop «superficielles». Les critiques les plus acerbes sont venues de membre de la communauté ecclésiastique. Comme le rapporte «Le Figaro», des catholiques n'ont pas apprécié que l'œuvre soit placé dans un confessionnal. Des protestants se sont offusqués de l'utilisation de l'image de Jésus pour ce genre d'expérience. 

BFMTV rapporte que l'église a même reçu une menace anonyme, soulignant que ce projet «ne serait pas sans conséquence». Marco Schmid reconnait que même si cette expérience à ses limites, elle a néanmoins sa place. Pour le théologien, Deus in Machina «stimule les discussions sur le rôle de l'IA dans la religion». Il souligne également que l'installation offre un soutien 24h sur 24, contrairement aux prêtres en chair et en os. L'église a annoncé que les résultats de cette œuvre seront présentés ce mercredi 27 novembre.

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