La population en a assez des primes d'assurance maladie élevées. Et la solution pourrait résider dans la mise en place d'une caisse maladie unique, comme le montre un sondage du service de comparaison Comparis. Aujourd'hui, 71% des personnes interrogées soutiennent une caisse unique pour l'assurance de base, à condition que les primes baissent. Mais que signifierait une caisse unique? Blick répond aux principales questions.
Qu'est-ce que la caisse unique?
L'année dernière, 44 assureurs proposaient une assurance maladie obligatoire, appelée assurance de base. Dans le cas d'une caisse unique, il n'y aurait plus qu'une seule caisse ou nettement moins – par exemple une pour toute la Suisse ou une par canton ou région. Pour les assurances complémentaires, il pourrait toujours y avoir différents prestataires.
Quels seront les avantages et les inconvénients?
Les milieux de gauche, en particulier, sont très favorables à une caisse maladie unique. «Cela permettrait de supprimer les frais de publicité et les salaires élevés des dirigeants des caisses maladie», explique le conseiller aux États socialiste Baptiste Hurni. Ce système réduirait aussi les coûts liés aux changements fréquents de caisse. «Un changement de caisse maladie coûte entre 800 et 1000 francs, soit plusieurs milliards par an !»
Les médecins et les hôpitaux pourraient également être mieux contrôlés, affirme Baptiste Hurni. «Il y a des médecins peu scrupuleux qui facturent plus de 24 heures par jour. Une caisse maladie unique permettrait de les cerner plus rapidement.» La prévention serait également plus facile à réaliser et le système de santé deviendrait plus transparent.
En revanche, une caisse unique n'est pas bien accueillie par le camp bourgeois. «Celui qui est aujourd'hui dérangé par le service ou les primes d'une caisse a une alternative et peut changer pour une caisse avec des primes plus basses ou un meilleur service», explique le conseiller national PLR Andri Silberschmidt. «De nombreuses personnes profitent de cette liberté chaque année.» Une caisse unique pourrait réduire cette incitation à améliorer les services ou à innover. «Le fait qu'une caisse unique serait encore moins chère est une pure thèse et n'a pas été prouvé dans la pratique.»
En 2014, la Confédération elle-même estimait le potentiel d'économies entre 300 et 400 millions de francs – pour des paiements de primes annuels dépassant alors les 24 milliards.
Les primes seront-elles ainsi moins chères?
Selon l'enquête de Comparis, les coûts mensuels devraient être inférieurs de 10% pour satisfaire la population. Cependant, Felix Schneuwly, expert en caisses maladie chez Comparis, considère cet objectif peu réaliste. «Les frais administratifs des caisses maladie ne représentent que 5% des primes. Même si la caisse unique fonctionnait gratuitement, l'objectif de 10% serait loin d'être atteint.»
Le conseiller aux États socialiste Baptiste Hurni s'attend à de nouvelles réductions de coûts, car les décomptes des médecins et des hôpitaux pourront être mieux contrôlés. Mais on peut douter que cela suffise à faire baisser les coûts de manière vraiment importante. Pour cela, il faudrait sans doute renoncer davantage aux prestations de santé, explique de son côté Felix Schneuwly, expert chez Comparis.
Allons-nous bientôt voter sur une caisse unique?
Non. Certes, le PS prévoit une nouvelle initiative pour une caisse unique. Mais pour l'instant, il se concentre sur l'initiative pour l'allègement des primes. «Nous travaillons actuellement sur le texte de l'initiative, mais nous ne sommes pas encore prêts», explique Baptisre Hurni. Il est prévu que chaque canton ou plusieurs petits cantons doivent proposer chacun une caisse. Le congrès du PS doit se prononcer sur le texte de l'initiative au plus tard d'ici 2025, après quoi la collecte des signatures commencera. Des années devraient donc encore s'écouler avant que le peuple ne puisse se prononcer.
Quel est le rapport avec la votation actuelle?
Il n'y en a pas. L'initiative d'allègement des primes du PS demande que les réductions individuelles de primes soient augmentées, l'initiative du Centre veut inscrire dans la Constitution un frein général aux coûts.
Y a-t-il déjà des essais pilotes?
Pas encore. Mais le canton de Genève prend les devants. L'année dernière, le canton a déposé une intervention au Parlement fédéral visant à autoriser une caisse unique. Parallèlement, le Conseil d'Etat doit rédiger un rapport sur les risques et les opportunités d'une caisse maladie publique en concurrence avec des acteurs privés. Genève devrait toutefois se heurter à Berne: pas plus tard que lors de la session de printemps, le Parlement a rejeté une intervention du canton de Vaud qui voulait introduire la caisse unique au niveau cantonal.
N'avons-nous pas déjà voté sur la caisse unique?
Si, la population a déjà voté quatre fois à ce sujet – jamais la caisse unique n'a obtenu une majorité. Mais si en 2007, 71% des personnes interrogées étaient contre, elles n'étaient plus que 62% en 2014.