Face au déclin de la biodiversité, le Conseil fédéral compte agir. Il ne veut pas aller aussi loin que l’initiative, mais propose de protéger 17% de tout le territoire suisse contre seulement 13,4% actuellement. Les aires de protection devraient aussi être mises en réseau. Il s’agit de garantir les habitats de la faune et la flore.
Ces propositions ont fait l’objet de vifs débats au National pendant trois jours. Une partie du camp à droite n’a même pas voulu d’un contre-projet. Les agriculteurs seraient les seuls à passer à la caisse, alors qu’ils fournissent déjà des efforts, ont-ils estimé.
Mise en réseau des aires de protection
Des terres cultivables seraient perdues et la sécurité alimentaire du pays serait mise en péril, d’après les détracteurs du texte. Ils n’ont toutefois pas réussi à enterrer le projet, ni à éviter une mise en réseau des aires de protection, appelé corridors écologiques ou faunistiques.
Face à la sixième extinction de masse du vivant, la gauche a plaidé quant à elle pour aller plus loin que le projet sur la table et même accepter l’initiative. L’agriculture elle-même a besoin de la biodiversité, notamment des abeilles pour polliniser ses cultures.
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«L’agriculture a besoin de la biodiversité»
«Opposer l’agriculture à la biodiversité ne fait aucun sens», a pointé la ministre de l’Environnement, Simonetta Sommaruga, tentant d’écarter les inquiétudes de chacun: «L’agriculture joue un rôle très important pour la biodiversité, et la biodiversité est tout aussi importante pour l’agriculture.»
Droite et gauche ont également croisé le fer sur la pièce centrale du projet, à savoir la part protégée du territoire. Le camp rose-vert, rejoint par les Vert’libéraux, a tenté de mettre la barre à 20% dès 2030, et 30% dès 2040. L’UDC, elle, a plaidé pour supprimer tout objectif chiffré du projet et accentuer la lutte contre le reboisement et le retour en friche de surfaces agricoles.
Finalement, c’est une proposition de compromis qui l’a remporté. Pas question d’inscrire un chiffre rigide dans la loi. La qualité doit l’emporter sur la quantité.
Mise en place de corridors faunistiques
Le concept d’aires de biodiversité est introduit. Ces espaces permettent de conserver et de promouvoir la diversité biologique tout en autorisant une exploitation, notamment agricole ou énergétique. Ils seront désignés par le Conseil fédéral en collaboration avec les cantons.
Les députés ont encore demandé des mesures supplémentaires pour encourager la biodiversité dans le domaine de la chasse et de la pêche. La conservation des espèces et des milieux naturels dans les réserves de sauvagine et d’oiseaux migrateurs et dans les districts francs fédéraux pourra bénéficier de subventions.
Des corridors faunistiques pour animaux sauvages relieront les biotopes. Des aides financières seront aussi possibles pour protéger les biotopes des espèces et des races menacées.
Le Conseil des États doit se prononcer
Le gouvernement proposait encore d’encourager une culture du bâti de qualité. Par 114 voix contre 74, le National a décidé de déplacer ces mesures dans le prochain message culture 2025-2028.
Au vote d’ensemble, le contre-projet a été adopté par 104 voix contre 83. L’initiative populaire «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage» n’a, elle, pas passé la rampe par 101 voix contre 72 et 19 abstentions. Le texte exige davantage de surfaces et de fonds publics en faveur de la biodiversité.
Le Conseil des États doit encore se prononcer. Il se penchera sur la question lundi.
(ATS)