L'alouette des champs aime-t-elle partir en campagne et mourir au champ d'honneur? Rassurez-vous, je vous épargnerai d'autres jeux de mots douteux, mais sachez-le: la présence de cet oiseau sur les places d'armes de l'armée suisse est un fait avéré et fascinant. La Station ornithologique de Suisse, relève en effet que de nombreuses espèces d'oiseaux qui se font rares en milieu naturel trouvent un refuge bienvenu auprès des casernes, aérodromes, pistes de chars et autres centres d'entraînements.
L'armée, championne de la biodiversité
L'ONG spécialisée dans la préservation des oiseaux effectue pour le compte de l'Office fédéral de l'environnement le comptage des espèces sur les propriétés foncières de l'armée. La Grande Muette est l'un des plus grands propriétaires terriens de Suisse et possède des terrains disséminés sur tout le territoire, des alpages aux forêts en passant par les vastes étendues du Plateau. À ce titre, relève le rapport annuel de la Station ornithologique suisse, ses propriétés possède un taux de biotopes protégés particulièrement élevés que l'armée entretient d'ailleurs activement.
Les oiseaux aiment la piste de chars
Dès lors, on a pu observer 122 espèces d'oiseaux nicheurs sur le territoire de l'armée. Cela constitue déjà un chiffre important, si l'on considère que la Suisse compte plus de 200 espèces. C'est surtout par la présence d'oiseaux qui peinent en milieux naturels que les terrains militaires se démarquent: il s'agit en particulier d'oiseaux qui dépendent de haies ou de zones humides, des paysages malmenés par l'agriculture intensive.
Les milieux naturels plutôt préservés des terrains militaires offrent un refuge à des oiseaux comme l'alouette lulu, celle des champs, les fauvettes grisettes, babillardes et des jardins, les rousserolles ou encore au coucou gris et à la pie-grièche écorcheur. Le rapport cite l'exemple de la piste de chars de Thoune, qui offre un habitat varié à la faune et à la flore grâce à ses étangs, ses taillis et ses friches. La Station ornithologique souligne toutefois que les terrains militaires ne sont pas pour autant une idylle absolue et que les milieux naturels y sont, comme ailleurs, soumis à la pression des activités humaines.
