Le ministre de la Justice Beat Jans n'a pas un rôle facile. En tant que conseiller fédéral en charge de l'asile, il est sous le feu permanent des critiques de l'Union démocratique du centre (UDC): «Le bilan de 200 jours du conseiller fédéral Jans est une chronologie de l'échec», écrit le parti.
Et effectivement, le système d'asile suisse atteint actuellement ses limites à tous les niveaux en raison du nombre élevé de réfugiés. Seulement, si Beat Jans veut serrer la vis de l'asile, il doit aussitôt faire face à la résistance de ses propres collègues du Parti socialiste (PS).
Mais il peut endurer la critique, assure Beat Jans dans une interview avec «Schweizer Familie». En tant que conseiller fédéral, il doit aussi savoir s'opposer à son propre parti. «Car je suis là pour tout le monde.» Son rôle? Se rendre dans les communes, parler avec les gens et examiner les problèmes sur place.
«Ma femme s'est fait voler son sac à main à plusieurs reprises»
Beat Jans connaît les problèmes de migration par expérience. Le quartier bâlois de Matthäus, où il vit avec sa famille, est confronté à certains phénomènes concomitants, notamment la drogue et la criminalité. «Nous avons vécu des situations délicates. Ma femme s'est fait voler son sac à main à plusieurs reprises», raconte le conseiller fédéral. «Et nos enfants ont été confrontés à la criminalité et à la violence près de l'école. Nous avons même dû appeler la police.»
Mais le Petit-Bâle est aussi un lieu convivial et vivant. Des personnes de différentes nations y cohabiteraient pacifiquement. «Nos filles apprennent à connaître d'autres cultures et d'autres langues, poursuit Beat Jans, positif. Elles apprennent ainsi que l'immigration est aussi un gain et que nous pouvons maîtriser les défis.»
Le Bâlois ne veut toutefois pas rester les bras croisés face aux problèmes que pose également l'asile: «De nombreuses personnes viennent en Suisse tout en sachant qu'elles n'obtiendront pas l'asile. Ils cherchent un refuge.» Pour ces personnes, des procédures accélérées ont été créées. «Ces personnes obtiendront ainsi rapidement des éclaircissements et doivent quitter notre pays après une décision négative.»
«Nous dépendrons à l'avenir des migrants»
Mais le PS n'est pas d'accord avec son conseiller fédéral: le parti estime que le statut d'asile est miné. Beat Jans voit les choses différemment: «Notre système d'asile n'est pas là pour ceux qui ne veulent qu'un hébergement temporaire.» De plus, la mesure a déjà fait ses preuves. Entre-temps, 40% de personnes en moins arrivent des pays concernés dans les centres d'asile fédéraux – ce qui crée la place dont on a besoin de toute urgence. Et les collaborateurs peuvent mieux encadrer ceux qui ont vraiment besoin de protection.
La meilleure façon d'intégrer les réfugiés serait de les laisser travailler. Cela permettrait par la même occasion de s'emparer de la pénurie de main-d'œuvre. «A l'avenir, nous aurons besoin des migrants pour pouvoir maintenir les services, assure Beat Jans. Je pense par exemple à la poste, au secteur de la santé ou à la construction. Il manquera bientôt des milliers de travailleurs dans ces secteurs.»
Mais l'exemple de l'Ukraine montre à quel point l'intégration sur le marché du travail est difficile. Bien que ces réfugiés soient autorisés à travailler, seule une personne sur quatre a trouvé un emploi jusqu'à présent. Les réfugiés sont donc mis à contribution, des entreprises sont contactées et les offices régionaux de l'emploi sollicités. «C'est ainsi que nous pourrons augmenter peu à peu la proportion. Mais nous avons besoin de tout le monde pour y parvenir», poursuite Beat Jans.
Le conseiller fédéral bâloise veut continuer à s'engager «pour que nous intégrions à long terme les réfugiés et les personnes admises à titre provisoire dans le marché du travail, au lieu de faire venir de nouvelles personnes dans le pays». Au final, tout le monde en profiterait.