Bateau Belle-Époque rénové
Le bateau-salon vapeur Rhône retrouve les eaux du Léman

Le Rhône reprend du service après trois ans de rénovation. Bientôt centenaire, le bateau-salon Belle-Époque, qui a retrouvé sa silhouette d'origine, a été inauguré mardi à Lausanne. Il sera le premier navire à vapeur de la flotte CGN à être exploité en toute saison.
Publié: 15.02.2022 à 15:38 heures
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Après trois ans de travaux, le bateau Belle-Époque a été remis en navigation mardi à Lausanne.
Photo: JEAN-GUY PYTHON

«Le Rhône n'a pas seulement été restauré, il a été rendu plus proche que jamais de son état d'origine», a déclaré Benoît Gaillard, président de la Compagnie générale de navigation (CGN) lors de l'inauguration à Ouchy (VD), mardi. Et de citer en exemple la fameuse figure de proue du bateau. Tombée peu de temps après l'inauguration en 1927, on la retrouve aujourd'hui moulée comme à l'origine, a-t-il expliqué.

Le président de la CGN a rappelé que le Rhône était un élément du patrimoine fédéral, reconnu comme bien culturel d'importance nationale. Il est le dernier bateau-salon vapeur à roues à aubes entièrement construit en Suisse. C'était à Winterthour (ZH).

«En 1927, c'était ce qui se faisait de mieux, c'était un aboutissement pour la CGN qui l'a mis en service pour la Fête des vignerons. Aujourd'hui, ce vapeur centenaire est un trait d'union entre passé et présent.»

Une orientation quatre saisons

Nouveauté, le bateau se montre davantage qu'auparavant: des ouvertures vers les roues à aubes, le timon historique, le gouvernail permettent d'approcher ces éléments de près. «C'est une première pour nous à la CGN et les enfants ne seront pas les seuls à en être ravis», a relevé le président.

Symbole du Léman, le Rhône témoigne de la volonté d'une orientation quatre saisons de la CGN. Avec son pont isolé grâce à un système de verre coulissant conçu sur mesure, le vapeur devrait circuler toute l'année. Il sera l'une des clés de cette stratégie, a-t-il annoncé.

«Un fleuron qui va rayonner»

Le président s'est encore félicité que le chantier ait pu être conclu dans des temps remarquables, malgré la pandémie, les malades, le manque des pièces, le confinement. «Alors que l'on sent le fumet de la sortie de crise, cela a été une vraie prouesse», a-t-il dit.

«Cette rénovation a résisté à toutes les menaces inimaginables. Nous avons construit un fleuron qui va rayonner pour 30 ans au moins, en alliant tradition et modernité», a ajouté Andreas Bergmann, directeur de la CGN. Et de préciser qu'après les croisières inaugurales, le Rhône reprendra ses courses au printemps.

Maurice Decoppet, président de l'Association des amis des bateaux à vapeur du Léman (AVBL), a rappelé que trois fleurons de la flotte ont été rénovés depuis le début du millénaire: le Simplon en 2005, la Suisse en 2009 et l'Italie en 2016. Le Rhône, lui, a fait sa dernière croisière en 2017 avant d'être restauré au chantier naval d'Ouchy à partir de 2019.

Près de 16 millions de francs

Les travaux de rénovation ont coûté près de 16 millions de francs, a détaillé le président de l'ABVL. Les trois cantons lémaniques - Vaud, Genève, Valais - sont les principaux contributeurs, tandis que l'ABVL l'est à hauteur de 20%.

«Le Rhône a subi plusieurs modifications, dont la dernière en 1968. Elles n’ont pas toujours été en accord avec sa silhouette et ses plans d’origine», a souligné Irwin Gafner, directeur technique de la CGN.

L'équipe de projet a pu reconstruire ce bateau au plus près de sa ligne de 1927. La machine à vapeur, les aménagements intérieurs historiques, comme les boiseries du salon Belle-Époque 1re classe, ont été restaurés. D'autres éléments ont été reconstruits selon les plans d'origine, à l'instar de l'escalier historique ou du fumoir du pont supérieur.

Quinze tonnes de moins

En dehors des aspects patrimoniaux, l'utilisation de technologies modernes, telles que des structures en aluminium ou un pack batterie, ont permis de réduire l'impact environnemental et le poids du mastodonte des lacs: le Rhône a perdu 15 tonnes sur 360 dans l'aventure.

Fédérateur, ce projet a bénéficié du savoir-faire et du métier de plusieurs acteurs, tant en Suisse qu'en Europe (Autriche Italie, France, Espagne, Pays-Bas). Quelque 60 entreprises externes ont contribué à la rénovation, a précisé Irwin Gafner.

Éloge de la flotte chez les vignerons

Parmi les autorités présentes en nombre pour célébrer ce moment historique, la présidente du Conseil d'État vaudois, Nuria Gorrite, son homologue genevois, Serge Dal Busco, ainsi que le conseiller d'État valaisan Franz Ruppen. Ils n'ont pas tari d'éloges sur la rénovation «remarquable» de ce fleuron Belle-Époque de la CGN.

«Nous nous trouvons au pays des vignerons, une fois n'est pas coutume, pour faire l'éloge de la flotte», a plaisanté de son côté le conseiller fédéral Alain Berset, chargé de la culture. Et quelle flotte, a-t-il ajouté, rappelant qu'avec huit bateaux à vapeur en service, «elle est en importance la deuxième d'Europe».

(ATS)

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