Baptiste Hurni, président de la Fédération suisse des patients
«Grippe, Covid et pénurie de main d'œuvre: ces pics ne font pas bon ménage»

Urgences engorgées, médecins de garde surchargés, où aller se faire soigner, surtout le week-end, quand on est souffrant (mais pas trop)? Baptiste Hurni, conseiller aux États socialiste et président de la Fédération suisse des patients, fait le point sur la situation.
Publié: 30.01.2024 à 17:20 heures
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Dernière mise à jour: 30.01.2024 à 17:45 heures
Baptiste Hurni évoque la création d'un numéro de téléphone à contacter, qui indiquerait le centre de soins le moins engorgé et le plus accessible pour un malade.
Photo: Keystone
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Les hôpitaux vaudois ont atteint un niveau d'alerte maximal d'engorgement, le 25 janvier dernier. Le conseil du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) était alors de privilégier les médecins traitants, la centrale des médecins de garde ou les pharmacies, en cas de symptômes peu alarmants.

Mais voilà, cinq jours plus tard, les médecins de garde annoncent être surchargés de travail, et manquer de ressource pour répondre à tout le monde. La tension est maximale sur tout le système de santé. Où aller pour se faire soigner, surtout le week-end? Le point sur la situation avec Baptiste Hurni, sénateur socialiste neuchâtelois et président de la Fédération suisse des patients.

Baptiste Hurni, un patient malade se fait-il retoquer des urgences actuellement?
Non, mais selon la situation, l’attente est longue. La situation est préoccupante, mais pas aussi dramatique que durant le Covid. Il y a beaucoup de grippes saisonnières, le Covid qui va aussi devenir saisonnier, mais ce sont des choses relativement connues. Les soignants remplissent leur mission, mais il y a des codes et des priorités en fonction des urgences.


Attente aux urgences, médecins de garde saturés, généralistes pas accessibles le week-end… est-ce acceptable?
Ça n’est pas agréable ou confortable, ni pour les patients, ni pour les soignants. Le premier réflexe pour un malade, sauf bien sûr si c’est très grave, doit être d’appeler son généraliste. Si l’on est malade le week-end, c’est aussi une évaluation personnelle de savoir si on peut attendre le lundi. Cela dit, de plus en plus de cabinets de groupe organisent un piquet le week-end. On peut aussi consulter les applications qui renseignent sur le taux d’occupation des urgences, comme ça existe dans le canton de Vaud, pour se rendre où l’attente est la moins longue. Toutes les urgences ont un numéro de téléphone que l’on peut appeler.

La grippe, le Covid, vous l’avez dit, les soignants connaissent. Pourquoi sont-ils sous l’eau?
Tout ça est une conséquence évidente de la pénurie de main d’œuvre. Les équipes ne sont pas complètes. Politiquement, nous les socialistes disons depuis des années qu’il faut vraiment se préoccuper de cette pénurie. Elle va avoir des conséquences. Je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure, mais la situation ne va pas s’améliorer. L’hiver est vraiment la période la plus délicate, avec de graves pics de maladies saisonnière et de traumatologie — les accidents de ski, en gros. Ces pics et le manque de personnel ne font pas bon ménage.


Comment faire mieux?
Il faut optimiser la manière dont on utilise les structures, au maximum, et mieux se coordonner entre centres de soin et entre cantons. On l’a très bien fait pendant le Covid, on aurait pu garder un peu plus ces acquis. Cela peut vouloir dire, en ville de Neuchâtel par exemple, aller à Bienne ou à Yverdon si les urgences du Réseau hospitalier neuchâtelois sont engorgées. Si on peut se déplacer, évidemment. On appelle de nos vœux un numéro que les malades pourraient composer, donner leur position et leurs symptômes, et qui leur diraient où aller, avec des listes mises à jour en permanence.


Et engager du monde?
Oui, sur le long terme, il faut former un maximum d’infirmier.e.s et de médecins généralistes. Il faudrait aussi investir dans de plus petites structures, comme de plus petites cliniques qui pourraient faire office de structures temporaires spécialisées pour la grippe, par exemple. Aux cantons d’organiser, dans leurs planifications hospitalières, des conditions de travail intéressantes financièrement et intellectuellement pour ces soignants, et de leur permettre de faire autre chose le reste de l’année. Mais un centre plus spécifique coûte beaucoup moins cher que les urgences des hôpitaux cantonaux.


Avons-nous de quoi financer ces possibilités?
Notre système hospitalier est sous pression, on a voulu qu’il coûte le moins cher possible. Il est rempli en temps normal, et déborde en cas de crises. Tant que ce n'est pas en dehors de toute maîtrise, il n’y a pas lieu de paniquer. Mais il y a lieu d’utiliser les infrastructures à disposition le mieux possible. On peut se poser la question, néanmoins, si année après année les mêmes crises reviennent… La politique menée ces 30 dernières années, qui a consisté à fermer les hôpitaux, étaient-elles la meilleure?

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