Actuellement, «plus au travail, plus on perd de l'argent», a résumé mardi devant la presse le directeur général des HUG, Bertrand Levrat, président d'Unimedsuisse. Comme mesure immédiate, les représentants des cinq hôpitaux universitaires de Suisse demandent une augmentation des tarifs, qu'ils considèrent comme trop bas depuis des années.
Si ces établissements ne parviennent pas à s'entendre avec leurs partenaires de négociations d'ici au milieu de l'année, ils se verront contraints de résilier les conventions tarifaires existantes, avertissent-ils.
Les hôpitaux universitaires de Bâle, Berne, Lausanne (CHUV), Genève (HUG) et Zurich se trouveraient alors comparés aux hôpitaux régionaux. Ce changement entraînerait des coûts supplémentaires de 500 millions de francs. «Aujourd'hui, 10 à 15% de nos frais sont non-couverts», estime le directeur général du CHUV, Nicolas Demartines.
En outre, les hôpitaux universitaires demandent au Département fédéral de l'intérieur (DFI) et à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) de tenir compte de leur situation particulière lors des discussions en cours sur la définition des tarifs dans le cadre de la révision de l'Ordonnance sur l'assurance-maladie. Selon eux, cette révision aggravera encore la situation tarifaire déjà critique.
Certains lits demeurent vides
Cette année, ce sont notamment les adaptations salariales du personnel hospitalier, la hausse des prix de l'énergie et le renchérissement qui contribuent à une augmentation importante des dépenses qui devrait faire passer la perte cumulée de ces hôpitaux de 200 à 300 millions de francs. Le groupe Insel (Hôpital de l'Ile) a même choisi de fermer deux structures hospitalières, à Münsingen et Tiefenau, dans la région de Berne.
De nombreux hôpitaux universitaires ne peuvent plus occuper tous leurs lits en raison du manque de personnel. «En revanche, les tarifs n'ont même pas été adaptés au renchérissement, que ce soit dans le secteur ambulatoire ou hospitalier. Au contraire, certaines rémunérations pour les soins ambulatoires ont même été réduites», rappellent les hôpitaux universitaires.
L'importance de la recherche
La multiplication des réglementations et le rétrécissement de la marge de manœuvre rendent difficile l'exercice des activités des hôpitaux universitaires tout en préservant leur rentabilité financière.
«Les conditions politiques et financières actuelles mettent en danger les hôpitaux universitaires», estime Bertrand Levrat. «Pour continuer à fournir les meilleures prestations médicales et de recherche et rester des employeurs attractifs, des mesures doivent être prises rapidement.»
Nicolas Demartines a, lui, rappelé l'importance des hôpitaux universitaires au niveau de la recherche et leurs multiples collaborations nationales et internationales.
Forte hausse du taux d'absence
Si un accord n'est pas trouvé «les cantons d'implantation des hôpitaux universitaires devront prévoir des financements de secours afin d'éviter la catastrophe financière», assurent les hôpitaux universitaires.
La pénurie de personnel qualifié était, elle, déjà perceptible, mais la pandémie de coronavirus l'a accentuée. L'évolution démographique ou la modification des exigences en matière d'environnement de travail sont quelques-unes des raisons qui expliquent la situation.
Les effets sur la santé après la pandémie se font également sentir au niveau du personnel. «C'est une inquiétude pour l'avenir», avoue Bertrand Levrat. Le taux d'absence a atteint 7,9% en 2022, soit une augmentation de près de 50% par rapport à la période précédant la pandémie.
Selon les hôpitaux universitaires, un médecin sur cinq quitte la profession bien avant la retraite, majoritairement avant 35 ans. Deux sur cinq sont des praticiens étrangers, totalement formés dans un Etat tiers. Seulement 33% des médecins suisses se forment à 100% dans notre pays.
(ATS)